Vertige et hantise de Carles Diaz

Les deux textes en répons dans ce livre transforment les Landes de Gascogne. Ils  prouvent que ce paysage ne ferme pas mais crée  un impossible achèvement et en même temps une puissance capable de  contrecarrer la disparition d’une existence profonde.  

Une telle vision est proche d'une forme d’expressionniste allemand : elle n'exclut pas un certain baroque tant l'espace est soulevé à l'épreuve d'une sensibilité enracinée dans la culture occitane. Une germination donne au paysage le sens d'une liaison, d'une assise. Il s’agit surtout de créer – par l’anodin et le monde tel qu'il est – un paradoxal changement de décor.

Les deux textes deviennent des éboulis et des murailles d'indices entre océan, dunes et pins. Le secret en est l’effusion sous diverses instances mais toujours sous formes de symptômes. 
En conséquence demeure perpétuellement le chant du sujet lancé sourdement mais aussi de manière tonitruante contre la détresse du monde tel qu'il est. À sa confusion le poète oppose des mouvances pour sortir de bien des suffocations

Le vagabond d'un monde occidental montre un univers plus profond que cette torpeur qui vient alors que le ciel se montre accablant. Face aux crooners plastiques qui bradent et soldent leurs ersatz, Diaz en balaie la poussière par ses ellipses et laps.

Peu à peu la vie exulte au milieu des impossibles et au sein d'une sorte de vertige. Il ne s’agit plus de penser le monde comme une fable brisée. Il faut repartir d'elle pour l’existence par ce que donne le paysage et ses d'imprévisibles abords.

Jean-Paul Gavard-Perret

Carles Diaz, Polyphonie Landaise précédé de Partage, Gallimard, mars 2022, 96 p., 12 €

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