Carole Martinez et l'hôtel des cœurs brisés

C'est après la sortie de son premier roman (Le cœur cousu) qu'une lectrice a raconté à Carole Martinez une coutume espagnole que celle-ci ignorait.
En  Andalousie profonde où sont nées ses ancêtres, lorsqu'une femme sentait qu'elle allait mourir, elle brodait un coussin en forme de cœur. Elle y cachait des morceaux de papier où elle  écrivait ses secrets avant de "partir". À sa mort, sa fille aînée en héritait. Mais avec l’interdiction absolue de l’ouvrir.

À partir de cette coutume, Carole Marinez a créé un personnage de fille aînée, héroïne de son roman. Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille. Elle se dit comblée par son jardin. "ans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des cœurs en tissu des femmes de sa lignée.
Néanmoins Lola s'interroge : ne serait-elle pas façonnée par l’histoire familiale que les cœurs brodés cachent et par les  interdits qu'ils contiennent et dont l'héroïne ignore tout ?

Reste à savoir si elle-même comme chacun de nous sommes "écrits" par celles et ceux qui nous précèdent  dans notre propre histoire comme si  elle était déjà et presque jouée d'avance.

L'histoire de Lola semble en grande partie le souligner. Mais un doute subsiste : c'est ce qui fait  le sel de ce roman et de sa narration.
Les  cœurs déchirés trouvent certains onguents et peut-être des possibilités d'ouvertures..
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Carole Martinez, Les roses fauves, Gallimard, août 2020, 352 p.-, 21 €
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