Caroline Lamarche sous le voile des souvenirs

D’Enfin mort (mars 2014) à La fin des abeilles, Caroline Lamarche tisse une drôle de toile d’araignée. Il est d’ailleurs amusant que la page de recensement ne mentionne point cette parenthèse poétique. Car l’œuvre de Lamarche n’est QUE poésie. De son détour par Minuit – avec un certain livre piqué d’érotisme – à l’arrivée chez Gallimard, l’approche littéraire, qu’elle soit orientée récit ou roman, porte en elle la poésie. Les éditeurs contemporains sont devenus trop portés sur le marketing. Ou est-ce dame Lamarche qui demanda cet oubli ? J’en doute. Mais revenons à nous moutons. Ceux au costume des Dalton. Dard bien ancré sous la robe, attention à ce que vous dîtes. Ça pique !

Une mère obéissante conduit à une fille… libertaire. Une mère coincée donne une fille jouissive. Jouisseuse. Et fière de l’être. Et pourquoi pas ? Du plaisir naît l’appétit de la vie. Qu’il soit sexuel n’exclut pas, bien au contraire. Ainsi Caroline ira chemin faisant goûter le miel des peaux, le piquant des dards, soulèvera le voile des curiosités. Puis le crépuscule plombe son ombre. La mère vieillit, mais elle demeure autonome. Jusqu’au jour où il faut bien admettre l’impensable. Le manque d’autonomie questionne le possible. Que faire ? Rien d’autre que la mise en maison. Or s’invite un suspect invisible. Covid-19 va compliquer le quotidien. Jusqu’à interdire les visites. Jusqu’à priver les proches des derniers jours… Seule la voix parviendra à contenir ce fil ténu qui lie la famille. Puis la mort fauchera.
Deuil, résilience, etc.
Témoignage fort sur l’étape du jour d’après dans une langue enlevée. Portée en poésie. L’attachement au détail qui aide à tenir. L’avenir porté sur les enfants. La roue tourne et tout recommence, encore. Dans l’absurde des jours qui passent, dans l’éphémère du temps figé.

 

Annabelle Hautecontre

Caroline Lamarche, La fin des abeilles, Gallimard, mars 2022,  200 p.-, 18 €
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