Condor, chaos chilien

Un écrivain à succès

 

Caryl Férey s’est imposé dans le paysage du polar français avec les romans de sa « saga maorie » (Haka et Utu). Pour les lecteurs, la force de Férey repose avant tout sur un style âpre et violent, volontiers immergé dans des cultures exotiques. Après Mapuche qui se déroulait en Argentine, Férey se propose de nous emmener au Chili avec Condor, dont on peut raisonnablement espérer beaucoup. Notons que le Chili, marqué par le coup d’état de 1973 et la dictature de Pinochet, est un coin idéal pour stimuler l’imagination d’un écrivain de romans noirs.

 

L’indienne et l’avocat

 

Gabriela est une jeune vidéaste d’origine Mapuche qui filme manifestations et émeutes à Santiago. Elle vit dans un quartier pauvre de la capitale chez un vieux projectionniste, Stefano, ancien révolutionnaire du MIR qui a échappé à la répression de Pinochet en s’exilant en France. Gabriela est une jeune femme qui vit à fond, teste ses limites et que Stefano adore comme sa propre fille. Le fils d’un de leurs amis, Enrique, est retrouvé mort avec de la cocaïne dans les narines. Gabriela choisit de lancer son enquête et va voir un avocat spécialisé dans ce type de cause : Esteban Roz-Tagle. Issu de l’élite chilienne, fils d’un magnat des médias qui a largement profité des privatisations de l’ère Pinochet, Esteban est en révolte contre son milieu et n’hésite pas à aider la jeune mapuche. C’est le début d’une enquête où le passé va entrer en collision avec le présent, ravivant des blessures à peine cicatrisées…

 

Le passé ne meurt jamais

 

Thriller violent et roman noir percutant, Condor s’impose par la sauvagerie sociale qu’il expose. Le Chili décrit par Férey est sombre, violent et désespéré, une véritable jungle dans laquelle les personnages de Gabriela, Esteban et Stefano se débattent. Condor secoue le lecteur, à l’instar des précédents romans de l’auteur (certaines scènes de violence sont particulièrement âpres). On ne peut qu’espérer que Caryl Férey nous livrera rapidement un nouvel opus, tellement son style est addictif.

 

Sylvain Bonnet

 

Caryl Férey, Condor, Gallimard collection « Série noire », mars 2016, 416 pages, 19,50 €

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