Marie Étienne et les matières du rêve

Tout reste ici forcément inexplicable puisqu'il s'agit de matières de rêves. Marie Étienne la refaçonne à sa main avec légèreté et douceur en 64 épisodes.
Mais tout au long du livre un ange veille sur les personnages qui animent de tels lambeaux forcément inachevés – le rêve par définition ignore sa fin.

Ne reste à la fin et pour la narratrice qu'un détail celui d’un ange triste et blond qui veille sur son seuil, le front contre ses bras, dormant entre ses ailes.
Tristesse et sourire se mêlent sous le sceau de l'énigme et le nébuleux au service d'histoires qui ignorent toute morale. De tels rêves infinitifs – et inchoatifs tout autant – sont un peu les nôtres même si nous prenons soins de les effacer tant que faire se peut.
Ils révèlent tout en oblitérant qui nous sommes. Si bien que l'auteure dénude ce que recouvrons avec tant de soin.

Jean-Paul Gavard-Perret

Marie Étienne, Sommeil de l'ange, In’hui/Le Castor Astral, mai 2022, 114 p.-, 14€

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