Contre nature

Trois femmes qui ne se connaissent pas sont incarcérées dans la même prison. L’une a tué plusieurs de ses bébés à leur naissance, la deuxième a été condamnée pour proxénétisme. Quant à la troisième, elle a tué son mari. Autant dire qu’elles n’attirent pas de prime abord la compassion. 

Au fil du temps, elles vont apprendre à vivre ensemble et surtout à se livrer et à se découvrir grâce à l’écriture. Leurs actes sont inqualifiables, mais comment ne pas commencer à comprendre le désespoir de Pascale, dite Culbuto qui a hérissé une forteresse de 160 kilos autour d’elle ? A-t-elle vraiment tué huit de ses enfants parce-qu’une qu’une sage-femme l’avait humiliée, n’y-a t-il pas d’autres facteurs déclenchant, comme par exemple un père qui a remplacé l’alcool par des câlins contre nature à sa fille ?
Et Vanessa, dite Paradis, victime de tant de tournantes qu’elle en est devenue proxénète ? Ou encore, Leila qui rêvait du couple modèle et a fini par tuer son conjoint ?

Comme à son habitude, Cathy Galliègue dissèque l’âme humaine et va au plus profond des tragédies, de son écriture précise qui appuie là où ça fait mal. En choisissant ces trois prisonnières dérangeantes, elle met au jour les dysfonctionnements de la société face aux femmes les plus vulnérables, qui un jour, confrontées au pire n’ont que la violence comme arme. Que ce soit par une enfance fracassée ou un environnement social ou familial mortifère.

Son personnage de Pascale est inspiré par Dominique Cottrez, une ancienne aide-soignante qui fut condamnée en 2015 à neuf années de prison pour un octuple infanticide

De livre, en livre, après La nuit je mens et Boire ma vie jusqu’à l’oubli, Cathy Galliègue affirme la singularité de son talent.

Brigit Bontour


Cathy Galliègue, Contre nature, Seuil, octobre 2020, 272 p.-, 18 €

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