Cécile Coulon est né le 13 juin 1990 à Clemonrt-Ferrand, où elle fait ses études de lettres (hypokhâgne, khâgne, master). Passionnée de sport, de musique et de cinéma, elle développe un goût précoce pour l'écriture. Elle publie son premier roman à 17 ans.

La lecture, ennemi public numéro 1 - "Le rire du grand blessé" de Cécile Coulon

La société a été réorganisée en strates. Tout en haut, Le Grand, tout en bas, la plèbe des régions. La cohésion sociale est préservée par deux choses : le divertissement et l'ignorance. Le divertissement, dans sa manifestation ultime, c'est la lecture publique d'un livre-frisson ou d'un livre-émotion, chaque chose devant être très précisément ordonnancé pour que la société reste sous contrôle — les livres autorisés répondent à un besoin primaire et sont fabriqués avec art en ce sens pour aux besoins des masses avides de cette drogue rare. L'ignorance, c'est la règle absolue des Agents, ceux qui on la charge de protéger les manifestations : comme le fit Mao et d'autres avant lui, le Grand a compris qu'un peuple décérébré est plus facile à contrôle qu'un peuple de salauds d'intellectuels ! 

"Ils avaient tous entendu parler d'un type comme eux, promis à la chute, devenu riche à ne plus savoir quoi faire de l'argent, l'espace, le pouvoir qu'on lui avait octroyés en contrepartie de son ignorances"

1075 est la recrue idéale. Puissant, déterminé, parfaitement ignare, il n'a qu'un souhait : intégrer les Agents pour changer de vie, oublier la province d'où il vient et vivre dans les hautes sphères de la société. Mais à la suite d'une lecture dans un stade bondé, il est mordu par un molosse et doit se faire hospitaliser. Le grand blessé, c'est lui. Et c'est à l'hôpital qu'il a une révélation de nature à changer toute ses valeurs et sa vision du monde.

En alternance avec le récit, des notes et rapports secrets nous renseignent sur l'origine de cette société digne d'Huxley. 

Cécile Coulon s'amuse à mettre la lecture au centre de son roman d'anticipation pour critiquer la société de consommation et l'inculture comme mode de gouvernement des masses. Dans la lignée des Fahrenheit 451 et de 1984, avec beaucoup de culot pour un jeune auteur (23 ans) qui fait ses premiers pas dans la littérature de genre, Cécile Coulon impose son écriture sobre et rythme de phrases courtes et percutantes dans un roman qui a est avant tout un bel éloge de la lecture !


Loïc Di Stefano

Cécile Coulon, Le Rire du grand blessé, Viviane Hamy, août 2013, 136 pages, 17 eur

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