Le regard du sourd selon Cecile Hug

D’un  « objet » scénarisé seul ou en série Cécile Hug crée une anxiété diffuse. Le corps est  « enseveli ». Ne persiste dans la lumière qu’une oreille d’attente fracassée par l’écho de sa chute mais accompagnée d’imperceptibles souffles.


Chaque pièce devient un battement d’aile, un marteau dans la tête dans ce qui tient d’une cérémonie extrême-  orientale de recueillement. L’angoisse pourrait flotter mais elle est apaisée par le blanc du support et les alignements. Reste ce qui ourle  la clarté : la torpeur devient gangue dans le lointain des voix qui se sont tues ou ne peuvent plus être entendues.


Plan sur plan vers le lointain diaphane, l’oreille devient un centre et un bord. S’échangent le haut et le bas. Demeure du corps une fluidité, un furtif velours.  Périphérie de mémoire absolue, rêve d’un monde sans ciel ni courroie. L’espace est présent en tant que laps, battu sans bataille, le temps d’un spasme, d’une incursion.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Cécile Hug, « Le corps orchrestre à la marbrerie », photo de Jordi Plana. Editions de la Salle de bains, Rouen, 2015 .

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