Céline Walter : faux bourg

Ignorant à son corps défendu, les convenances, Céline Walter  reste le porte flambeau de l'inconscient, ses cils de lune et ses fines pelure d'oignon qui ne connaissent pas de cendres.
Surgit son là un  ob-scène  ou le mot dit dépasse du lit tiré du fleuve Amour. Au moindre écart de conscience ou au sein même de sa maîtrise, l'écriture devient mouvante, sinueuse, ondoyante comme un vol de grues sur les derniers étangs.
Néanmoins la littérature ne peut prétendre à une telle hauteur volatile  sauf à s'obliger au "regard du sourd", englobant, hypothétique là où il s'agit d'apprendre à saisir ce qui bourgeonne entre nervures et murmures dans l'aquosité de l'encre.
Chez Céline Walter, son sirop s'effraie en pensant que souvent ceux qui le répandent s'estiment poètes mais ne possèdent en eux rien du Palissy cherchant l'entaille. Ils ne laissent que des pattes inclinées, incurvées, libellules clignotantes. Elles croient vibrer d'éclats de fils drus mais bougés mais restent les cernes au-dessus desquels le lecteur regarde l'heure qui passe ignorant que toujours il faut éliminer ce que le sinistre penchant à l'écriture oblige. 
Céline Walter à l'inverse le fait avec justesse et afin que nous ne soyons plus inclinés dans nos nocturnes. Il faut que nos yeux brillent.

Jean-Paul Gavard-Perret

Céline Walter, Duende, Tarmac éditions, mars 2023, 52 p.-, 19€

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