Chantal Chawaf produit une œuvre au statut particulier dans ses frottements temporels. Ayant à parler du motif  narratif qui tend toute une partie de son  œuvre, elle refuse la complaisance pour rappeler l'histoire de  violences subies par de jeunes femmes piégées et détruites.
Ces trois variations  permettent aux femmes comme aux hommes  de comprendre des relégations inconnues sans avoir besoin de les remixer sous prétextes d'autobiographie à la Angot.

Chantal Chawaf travaille donc la matière de vies ravagées qui peuvent mener parfois près de la folie et de la régression. Mais son livre est aussi celui d'une lutte qui enchâsse la grande question du secret, de la généalogie du secret, question que tout écrivain  se pose.
Et cette relation au secret se constitue en espace de tension  existentielle et de force stylistique capables  de poser et reposer la question de savoir qui deviennent de jeunes femmes victimes de bourreaux bien tranquilles.

Jean-Paul Gavard-Perret

Chantal Chawaf, Nocturnes, Éditions des Femmes/Antoinette Fouque, juin 2022, 114 p.-, 15€