Charles Baudelaire (1821-1867), poète auteur des Fleurs du Mal, traducteur d'Edgar Poe et critique. 

Baudelaire a 200 ans !

Oui, enfin aurait s’il avait vécu si longtemps. Ce 9 avril voilà donc deux siècles qu’il est né. Une célébration a ne pas laisser de côté. Oublions le vaccin. Puisons notre joie dans la poésie. Notre immunité dans ces Fleurs qui n’ont rien de commun avec le Mal. Au contraire. Un peu de liberté. Un peu d’irrévérence je vous prie. Amour & érotisme sont le bourgeon d’une vie qui ne fait que fuir. Les corps se dégradent. La jeunesse s’étiole. Et alors ?! On en rit entre deux gorgées de vin.
Une édition collector avec de très beaux Polaroïds de Mathieu Trautmann qui accompagnent les chants baudelairiens. Une mise en page soignée. Un marque-page en tissu comme dans la Pléiade. Bref, un objet unique à offrir...

Et puis si la poésie ne vous sied point. Faites un crochet par la peinture. En 1855 Charles Baudelaire publia De l’essence du rire, une pensée de la modernité. Donner carrière aux produits de l’imagination : picturale ou syntaxique. Et oublier les rhétoriques et les académismes. Mais ne pas s’emporter non plus : on demeure dans les limites de l’art.
Lesquelles sont d’ailleurs extensibles, diverses et variables. Point de frontières !

Voilà Baudelaire critique d’art afin de faire circuler cette variété, de la manifester. Car il est impératif que le monde sache. Et que la caricature soit aussi associée aux beaux-arts. Car c’est une manière de sentir : une façon de cerner synthétiquement, dans la ligne du dessin ou de la gravure, l’image de la vie et l’idée de la vie, toutes deux indissociables

Car la caricature ne peut se résumer à une manière particulière ou accidentelle de croquer le réel et d’en faire rejaillir, par la magie de la déformation, les irrégularités. Voire les hideurs : la caricature est avant tout un instrument dont l’artiste se sert pour inventer une autre réalité.

Baudelaire philosophe alors. L’art vu à travers le prisme des idées générales. Voilà l’orientation affichée de De l’essence du rire. Petite théorie comique. Mais grand dessein. L’art vu dans sa globalité. Si bien de la caricature on bascule à l’origine du comique. Baudelaire veut déceler l’origine du comique qu’il trouve en l’homme. N’oublions pas que le rire est le signe patent de la folie originelle des Homes… Comment se croire supérieur à tout sinon être fou ?

Folie aussi du poète qui tente de percer le mystère du sens, de prophétiser un avenir moins cruel, de cristalliser l’instant du bonheur éphémère. Rien d’étonnant alors que cette simultanéité en 1857 entre Les Fleurs du Mal et ces écrits sur le comique et les caricatures. Poésie et réflexion se rejoignent sur un même horizon littéraire. Une même ligne de réflexions sur le réel et le surnaturel, le présent et l’éternel.

 

Annabelle Hautecontre

 

Charles Baudelaire, De l’essence du rire, présentation et notes inédites d’Henri Scepi, Folio, mars 2021, 128 p.-, 2 €
Lire les premières pages...

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition illustrée, photos de Mathieu Trautmann Folio, avril 2021, 272 p.-, 8,10 €

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