Charles Dickens et Wilkie Collins : carnets de route et déroute

Charles Dickens et Wilkie Collins écrivirent – en 5 articles formant chapitres – un petit chef d’œuvre pour Household Words. Il resta longtemps oublié. Il s'agit pourtant d'une fête de l'esprit tant l'ironie est de mise.

Pour preuve et en premier lieu le nom des deux héros –  doubles des auteurs : Francis Bonnenfant et Thomas, oisifs. Ensuite leurs préoccupations et grades : tous deux sont apprentis dans la plus farcesque des occupations : Les pérégrinations Paresseuse".

Néanmoins être oisif demande une sorte d'ethos. Les voyageurs vont l'apprendre. Car quoique fainéants ils sont courageux et quittent Londres pour partir à la découverte de leur pays. Ce qui ne va pas sans réticences, parfois passages périlleux mais aussi quolibets ou moqueries envers ceux qu'ils rencontrent. Jusqu'à des paysans qui ne sont même pas des Midlands – ce qui pour les aventuriers est le comble d'un manque de savoir vivre.

La littérature devient la plus vivifiante. L'humour anglais parcourt ce texte et le subsume. Dans le train comme dans des auberges nous voici spectateurs des réflexions (souvent plus géniales et poétiques que spéculatives) de nos deux mangeurs de crevettes dont l'humour empêche de donner des leçons.

Soulignons enfin le mérite du collectif des traducteurs. Se ressent dans cette édition française toute la passion d'une équipe qui s'est tenue au plus près de deux auteurs d'exception. Dickens est plus connu que Collins mais à son époque ce dernier fut aussi un auteur à succès. A lire cet ouvrage il le méritait pleinement.


Jean-Paul Gavard-Perret

Charles Dickens & Wilkie Collins, The Lazy Tour – Les périgrinations paresseuses de deux apprentis oisifs, traduit (excellemment) de l'anglais par le collectif "Les inséparables traducteurs" (sous la direction d'Annpôl Kassis), Atelier de l'Agneau, mars 2020, 132 p.-, 20 €

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