Star Wars – Poe Dameron, tome 1 – L’Escadron black

Marvel poursuit à un rythme soutenu l’exploitation de la juteuse licence Star Wars en librairie. Dans la chronologie de la saga, la série Poe Dameron se situe juste avant Le Réveil de la Force. Ces épisodes doivent amener les lecteurs à, d’une part, mieux connaître le personnage de Poe Dameron, et, d’autre part, à expliquer comment ce dernier arrive à localiser Lor San Tekka qu’on aperçoit au début de l’épisode VII. Comme toujours avec la licence Star Wars, nous sommes dans les interstices de la saga cinématographique. Avec ses avantages… et ses inconvénients.
Les avantages, pour commencer. Poe Dameron était un personnage sympathique mais sous-exploité du Réveil de la Force, car il se faisait voler rapidement la vedette par Rey et son droïde, BB-8. Lancer une série sur son nom n’était donc pas une mauvaise idée, car c’est lui offrir une place un peu plus importante, en attendant de voir ce qu’il adviendra de lui dans l’épisode VIII. Et puis il y a aussi le plaisir de retrouver une période encore « neuve » de la saga Star Wars. L’effet de découverte fonctionne donc encore assez bien.

Seulement voilà, Charles Soule se heurte à un problème régulier dès qu’il s’agit de créer du contenu original pour Star Wars en dehors des films : l’impossibilité d’aller trop loin sous peine de ne plus être raccord avec les films passés ou à venir. Il est donc obligé d’imaginer des lieux qu’on ne reverra probablement plus par la suite. Du coup, on a un peu l’impression de suivre un épisode anecdotique, sans grand intérêt puisque sans enjeux dramatique forts (Poe Dameron va forcément survivre à ces aventures). Dans le même genre d’idée, on n’apprend rien sur le personnage et son passé.
Ajoutez à cela une décompression de l’intrigue assez incroyable. En gros, Soule raconte en trois épisodes une histoire qui tiendrait facilement sur une vingtaine de pages, si on n’y avait pas ajouté des dialogues inutiles. Peu inspiré, Soule utilise le bon vieux coup du deux ex machina pour conclure son histoire : relisez le résumé ci-dessus, réfléchissez aux mots « œuf » et « sauveur », fermez les yeux, imaginez ce qui peut bien arriver à la fin pour sauver les héros… Dans le même ordre d’idée, l’escadron Black du titre n’a finalement qu’un rôle bien secondaire de soutien aérien, et une fois les pilotes aperçus dans la scène d’introduction, on les oubliera vite.

Le dessinateur Phil Noto semble aussi peu intéressé que son scénariste. Je m’interroge quant à la pertinence d’avoir choisi cet artiste : toutes ses scènes d’action ou de combat spatial sont d’une trop grande rigidité pour qu’on s’enthousiasme. Je trouve que Phil Noto a un style intéressant lorsqu’il est colorisé avec un effet peinture, ce qui n’est pas le cas ici. Un des points de satisfaction : le visage de l’acteur Oscar Isaac est bien restitué.
L’album se termine sur deux courtes histoires, dont une qui explique pourquoi C-3PO a un bras mécanique rouge dans l’épisode VII. Du Star Wars anecdotique et alimentaire, uniquement pour les complétistes.
Stéphane Le Troëdec
Charles Soule (scénario), Phil Noto (dessin)
Star Wars – Poe Dameron, tome 1 – L’Escadron black
Édité en France par Panini France (30 novembre 2016)
Collection 100% Star Wars
Traduit par Mathieu Auverdin (studio Makma)
144 pages couleurs sur papier glacé et sous couverture cartonnée
13,00 euros
ISBN : 9782809457328
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