Les désirs étoilés de Salvatore Riccardo

 




Par sa vision cosmique qui n’élude en rien l’intimité de l’être - jusqu’à son inconscient « onde qui vibre sous les turbulences du temps » écrit le poète - Gucciardo refuse toujours le chemin qui sépare  l’être du peu qu’il est face à la grandeur cosmique. Il n’épargne en rien les pas les plus épars qui portent où nous  allons sans but, sans boire l'eau des rivières, sans allonger la main sur la butte de terre de sable. Ils font de nous des marins d'eau douce incapables de  contempler l'ode des libellules sur des lits défaits par la vague. Habité du lointain, en quête d’absolu, le poète marche pour nous emmener loin. Loin de notre route. Afin que cheminant  à l'abandon,  nous comprenions que les cailloux que nous accrochons ne doivent pas nous faire trébucher, et que dans les fossés où nous tombons nous ne devons pas rester.

 

Gucciardo refuse l’abandon au seul prosaïsme du réel  : il croit au souffle des zéphyrs, refuse les sarcasmes acérés et le bourbier des commisérations. Poète non des passades mais des passages il opte pour les passions mystiques, les paradis contre les pas raidis et les nœuds de colère. Bref il  noue la vie à ce qui la soulève jusqu’aux « arbres suspendus » et la « symphonie des astres ». Mais c’est aussi une manière de visser au sol  solennellement l’être afin qu’il  ne bricole plus dans l'immobilité. Car au final elle fait tomber les os en cascade si l’homme n’est pas illuminé d’une « foi ». Le cosmos ne cesse de  la faire vibrer en virgules de viole dans les viandes de l’humain trop humain.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Salvatore Gucciardo, « Méandres », éditions Chloé des Lys, Mouscron (Belgique), 2015, 98 p., 23,60 euros.

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