Christiane Sintès : le donné et l’acquis

 

Christiane Sintès propose des paysages particuliers : lieux vagues ? : non. Ils deviennent le lieu de la collure  où n’existe plus  besoin de penser à être là mais juste de demeurer dans l’entre deux. S’y plaisent les contraires. Ils sont nourris des paysages intérieurs de la créatrice en jonction avec les lieux photographiés. Christiane Sintès approche le passage du silence depuis les arbres, les plis des monts jusqu’aux sols lavés après les pluies méditerranéennes si violentes. De ses promenades englouties de méditation l’artiste saisit ce qu’elle ressent de manière aussi terrestre (par les tons) que poétique.

 

 

 

 

 

 

La créatrice y semble délibérément seule. D’une ressemblance obscure naît une autre ; c’est une chute qui ne tombe pas. Par effet de variations, les photographies proposent l’amour inoubliable du monde et les jours des vivants. Existe une nudité de l’image et de sa "chair du double" dont parle Bernard Noël. Jonctions, déplacements, glissements créent une abstraction figurative tournée autant vers l’aube que le crépuscule. Demeure une légèreté adolescente qui ne peut se conquérir qu’au fil des années et une fois que se retire le joug de la “ science ” apprise. Des bruissements sont de l’ordre de l’écharpe, du secret. Reste l’instant répété de l’envol immobile. Ni le lointain, ni l’intime. Mais les deux à la fois.

Jean-Paul Gavard-Perret

Christiane Sintès, « La voix du paysage », Galerie Mirabilia, Lagorce, du 29 avril au 11 juin 2017.

 

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