À l'Est rien de nouveau : dernier Angot à Paris

Christine Ango pose ici les pièces nécessaires pour constituer sa coexistence pacifique avec son égo. Faute d'imagination et à la suite d'histoires secondaires au succès relatif,  il sert à nouveau  les plats d'un inceste qui de 13 à 26 ans devient – lorsque la victime n'est pas mentalement diminuée ce qui heureusement n'est pas le cas de Madame Angot – une fable douteuse.

Et il est lamentable de voir porter aux nues un texte totalement fabriqué et lui-même incestueux tant ses falbalas doivent dans leur musique du silence à Duras ou à Beckett. Au même moment un livre sur le même sujet et sans en faire une thématique – La Retenue de Corinne Grandemange (Éditions des femmes) – passe directement aux oubliettes.

Le voyage de la princesse des médiateurs est grevé d'une volonté de reconnaissance égocentrique. Le roman ne répond qu'à un devoir d'auto-complaisance dans le but de faire pleurer Margot et s'ébrouer les gogos sensibles à une littérature d'un exhibitionnisme achevé.

Cette "adresse" – sans destinateur sinon de l'auteure à elle-même – tient de la plaisanterie au nom de la petite fille qu'Angot était et qu'elle suit au nom de qui elle demeure dans son impossibilité de réparation face à un tel empêchement ravaudé.
Le "ça parle" reste néanmoins ici une vue de l'esprit. L'omerta, la culpabilité, l'emprise sont exprimés sans grande originalité quoiqu'en dise l'auteure et bien qu'elle prétende  emplir de tels vocables de phrases.

Il est à redouter qu'une telle panacée obtienne un grand prix littéraire. Le livre est lancé pour ça. Mais la pseudo-fiction reste simplement prétentieuse. Demeure un regard qui se voyant trop lui-même ne voit pas grand-chose.


Jean-Paul Gavard-Perret

Christine Angot, Le voyage dans l'Est, Flammarion, août 2021, 224 p.-, 19,50 €

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