"Osbert et autres historiettes", des animaux et des hommes

Si, parfois, dans ces historiettes, le propos semble un peu "vieux jeu", c'est tout à fait intentionnel, et le style de Christopher Gérard est là pour marquer aussi qu'il regarde notre époque avec la malice de ses animaux, reproduisant à son tour l'esprit d'un Louis Pergaud (De Goupil à Margot, La Revanche du Corbeau, Le Roman de Mirault) où l'animal est au centre du récit et regarde l'homme comme dans une étude anthropologique. C'est l'homme tel qu'il apparaît dans son immédiate inutilité aux animaux, qu'ils soient de compagnie ou sauvage. L'homme, cet étranger à la nature, et qui passe au mieux pour un compagnon des animaux tout comme chez Pergaud, un faire-valoir, voire une curiosité, ces choses de couleur qui passent trop vite dans les allées du parc, ou celles qui distribuent généreusement leurs reliefs aux moineaux germanopratins, qui se refilent aussi sec cette bonne adresse ! En tout cas, des créatures faibles et bien inférieures au bestiaire espiègle qui entoure Osbert, premier du nombre, octodon chouchouté et fin explorateurs des mœurs humaines.
Entre un renard philosophe qui se plaint d'être mal aimé, des canetons suivant les instructions d'un vieux colonel canard, des écureuils, des chats, un ours, un bouledogue, un fox-terrier, l'esprit facétieux de Christopher Gérard trouve à exprimer sa plus fine ironie. Délicieusement désuètes, ces historiettes sont autant de manières de se regarder de biais dans le miroir.
Loïc Di Stefano
Christopher Gérard, Osbert et autres historiettes, L'Âge d'homme, avril 2014, 10 eur
NB : Christopher Gérard est collaborateur du Salon littéraire
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