"Le Songe d'Empédocle", Christopher Gérard

Dans une Mitteleuropa où l'esprit américain mainstream domine, toute forme de pensée hétérodoxe est proscrite, la police veille, les anciennes cultures sont oubliées.
Vivant en nanti dans une grande maison, le jeune Padraig, féru de grec, hérite de son grand-père une bibliothèque dans laquelle se trouve plusieurs livres interdits, ainsi qu'une somme de renseignements sur une ancienne phratrie, dont l'origine remonterait à la plus haute antiquité et dont l'une des figures tutélaire serait Julien L'Apostat. Cette société savante, et secrète, a pour mission de transmettre le savoir enseigné par Empédocle : "Je te dirai encore autre chose : il n'y a pas de naissance pour aucune des choses mortelles ; il n'y a pas de fin par la mort funeste ; il y a seulement mélange et dissociation des composants du mélange. Naissance n'est qu'un nom donné à ce fait par les hommes."
Padraig était destiné à affronter ce savoir immense transis par des sages du monde entier de génération en génération, son érudition des textes anciens, grecques surtout, sa curiosité intellectuelle et son héritage en font une manière d'élu. D'autant plus que le destin qui s'offre à lui va confirmer cette manière de vocation : de rencontres en rencontres, de maîtres en maîtres, Padraig va progresser aux seins de cercle de plus en plus mystiques et secret, à travers toute l'Europe dans un voyage physique aussi bien que culturel pour retrouver les fondements païens d'une Europe spirituelle d'avant le grand "abrutissement" par le monothéisme émasculateur.
Porté par une langue magnifique à la précision rare, Le Songe d'Empédocle est un grand roman initiatique où l'immense culture est servie par un souffle romanesque et une vision du monde qui force l'admiration.
Loïc Di Stefano
Christopher Gérard, Le Songe d'Empédocle, L'Âge d'homme, février 2015 (1re édition 2003), 341 pages, 20 eur
PS : Ce roman prend immédiatement place dans mon panthéon personnel, aux côtés du Voyage au Mont Athos de François Augiéras.
NB : Christopher Gérard collabore au Salon littéraire
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