Eloge des balles nucléaires dans un cimetière éclairé - Homeland

La patrie comme retour ? Non. La famille comme balise obligée, fanal d’un phare perdu sur les roches hérissées dans la tempête ? Où est l’ancrage ?

Pourquoi ces pas vers cette terre qui vous a vu partir ?








Homeland. Série télévisée américaine créée par Howard Gordon et Alex Gansa, d'après la série télévisée israélienne, Hatufim


L’accroche : Un informateur de Carrie Mathison, agent de la CIA, souffrant en secret de troubles psychiatriques, révèle qu’un Marine, Nicholas Brody, après huit ans de détention par Al-Qaïda, est un danger pour la sécurité nationale des USA.  Brody est de retour dans sa famille. Carrie Mathison, dans une exposition continuelle de son délire, espionne le comportement du Marine. Participe-t-il à une conspiration visant les États-Unis ?


Série. Mais non, théâtre. Chaque épisode est un acte qui s’insère dans le magma des précédents. Le tout fusionne.  On joue l’intensité et non la crédibilité. Les vies s’entrechoquent tels des trains à grande vitesse décidés à se rencontrer.  Deux personnages vivent et meurent à chaque seconde. Et renaissent, dans d’improbables secours, et périssent sous le rideau écarlate de l’intensité au mépris de toute concordance.

Un homme,  une femme, un mensonge. Les trois s’affrontent en s’échangeant ce dernier. Et on parle d’amour ; On ne parle que de ça.  Éloge du paroxysme. Tout peut brûler ; les familles, la patrie et ses serviteurs zélés, les corps peuvent exploser, s’anéantir sous vos yeux. Seul compte la flamme, l’envie, le désir de l’autre.

Tu m’aimes, donc je vis.


C’est la force, la puissance du Homeland US.

L’homme et la femme, dans leur jeu de manipulation se poussent l’un et l’autre dans le précipice de leur désordre mental respectif. Ils sont voués à se comprendre, à jouer avec leur trépas intérieur. Autour, c’est l’incompréhension, le désert, la perte, les larmes, l’abandon, la tromperie.  Qu’importe,  Carrie Mathison et Nicholas Brody sont occupés à s’aimer, à leur manière, en jouant avec l’équilibre du monde, en jonglant avec la terreur qu’ils inspirent. Leur folie est une nécessité et un bouclier dans le monde  miroir du renseignement et du contre terrorisme.

Brody est bien plus qu’un potentiel terroriste, il est le messager d’une autre vision de la planète. Mathison est la meilleure des officiers de la CIA, non grâce à une quelconque compétence professionnelle, mais pour la simple raison que toutes les ambiguïtés électrisent ses neurotransmetteurs. Le vrai, le faux et le binaire des systèmes de surveillance, auxquels s’attachent les équipes de la CIA, peinent à instaurer leur suprématie. La solution sera dans la fusion ou la dissolution du couple maudit.


Ce qui sauvera la planète du chaos ne passera pas par l’arrestation, mais par la compréhension et l’acceptation. L’échec des pays visés est en ce qu’ils basent leur défense uniquement sur la violence, la contrainte, l'intimidation, la soumission.  Les entités activistes décidés à les détruire ont déjà assimilés ces protocoles dans leur quotidien.

Pour percer le mensonge et abattre l’ennemi, celui-ci doit perdre pied et ne plus pouvoir se raccrocher à sa haine et sa détermination, alors l’aimer est une solution envisageable.  

Intuitivement et  répondant à ses pulsions, Carie est la seule qui rendra Brody à lui-même. Ensembles, ils pénétreront et sortiront du labyrinthe. Et, au final, ironie de l’histoire, le monde pourra imploser puisqu’il ne sait pas vivre dans l’amour.

Thierry Brun

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