"Monstres Académie", les monstres à l'étude

Onze ans déjà !


Onze ans que le cyclope vert Bob Razowski (Mike Wazowski dans la version originale) et le géant bleu à taches roses Jacques Sullivent (James Sullivan) ont débarqué sur les écrans avec le succès que l’on sait. Leur mission était de faire peur aux enfants. Le résultat fut d’amuser le monde entier.


Longtemps ils échappèrent à la mode des suites. Et puis, il y a cinq ans, fut décidé de relancer sur les écrans ces deux amis disparates. Une suite ? Non un « préquel » comme disent les Américains puisque le film commence par nous montre Bob gamin rêvant d’entrer à la prestigieuse université formant de « vrais » monstres. Ensuite, l’action se déroule intégralement entre les murs de cette école made in USA peuplée d’êtres étranges. Bob et Sulli vont devoir apprendre à s’apprécier et à surmonter une série de terribles épreuves.


« L’idée d’un préquel s’est vite imposée, explique le réalisateur Dan Scanlon. C’est un sacré challenge car le public connait la fin de l’histoire et sait que Bob et Sculli vont se retrouver. Nous avons gardé cela à l’esprit et nous nous sommes focalisé sur la question : comment vont-ils y arriver ?  Comment vont-ils aboutir à ce que nous connaissons d’eux alors qu’ils sont très différents ? Dès lors, une grande partie du film repose sur cette construction de l’amitié. »


Il y a onze ans, Dan Scanlon, dont c’est le premier long métrage, venait d’entrer chez Pixar.


« Je me souviens que mon arrivée coïncidait avec la fête de sortie de Monstres et Cie, raconte-t-il. J’étais sidéré. J’étais ravi d’intégrer cette prestigieuse firme mais j’avais aussi l’impression d’intégrer un club de monstres. Pixar à ce moment ressemblait vraiment à l’université de Monstres Academy. »


Pour l’occasion, il a totalement abandonné le dessin afin de mieux se consacrer à la réalisation et à la gestion des équipes.


« Je n’ai rien dessiné parce qu’il y a des talents meilleurs que moi. Mais ça ne me manque pas. Je préfère coordonner les talents qui m’entourent. Je ne crois pas que je dessinerai à nouveau sur un plan professionnel ; uniquement pour mon propre plaisir. »


Comme toujours chez Pixar, ce qui surprend est la qualité graphique. À chaque film, les artistes arrivent à franchir un nouveau palier. Ici ce sont les décors qui impressionnent. Un campus peuplé de cinq cent personnages tous différents ! Les bâtiments eux-mêmes sont inspirés de Berkeley, université proche des locaux de Pixar, mais aussi de nombreuses autres disséminées dans toute l’Amérique.


« Nous ne voulions pas d’une université en particulier. Nous voulions que chacun puisse s’identifier en se disant : « Ça ressemble à la mienne » ! »


Chacun, c’est-à-dire les étudiants américains car en France les cadres sont beaucoup plus austères.


On pourrait croire que ce genre de scènes de foule constitue un casse-tête mais ils sont tellement rôdés chez Pixar que cela tourne presque à la routine. La difficulté vient d’ailleurs :


« La scène la plus difficile à concevoir est celle du tunnel à la fois sur un plan dramaturgique puisqu’il fallait détailler l’action et trouver des rebondissements et sur un plan visuel car l’action est censée se passer dans le noir. Ça a été très complexe à mettre en place et je crois que tous ceux qui y ont participé s’en souviendront longtemps ! »


Il s’agit en fait de la première épreuve que doivent réussir Bob, Sculli et leur joyeuse bande d’incapables : traverser un temps record un tunnel peuplé d’espèces d’oursins luminescents dont les piqures font immédiatement gonfler les victimes.


Si Monstres Academy contient de l’humour, de l’aventure et une pincée de suspense, il se doit aussi de faire (un peu) peur. On ne manipule pas des monstres sans conséquences ! Ici, la méchante est représentée par la doyenne, directrice du Département Terreur et détentrice du record de terreur. Pas commode, la dame.


« Quand j’étais enfant, les clowns me terrifiaient, avoue Scanlon. Dans le film je trouve que le personnage de la doyenne Hardscrabble est le plus terrifiant physiquement et psychologiquement. Elle est impressionnante et inquiétante par nature. Dans la version française, Catherine Deneuve a su trouvé le ton autoritaire que nous recherchions. »


Toutefois, le film tourne surtout autour de deux personnalités différentes : Sculli, fils d’un champion de terreur, qui n’a qu’à hurler pour faire peur et Bob qui doit travailler dur pour espérer s’imposer parmi les grands monstres.


« Je me sens plus proche de Bob, confie le réalisateur : j’ai étudié les Beaux-Arts et l’illustration, j’ai travaillé beaucoup À ma sortie d’université et je suis entrée chez Pixar où j’ai fait plein de petits boulons avant de gravir les échelons un à un. »


Bob et Sculli ont-ils vraiment réussi leur examen ? Seul le public le dira. Mais leur popularité est-elle qu’il semble évident qu’ils franchiront avec allégresse la barre des 500 millions de dollars de recette mondiale. De quoi justifier un troisième épisode. Dans 11 ans ?


Philippe Durant


Monstres académy (Monsters University)

De Dan Scanlon

Avec les voix françaises d’Éric Métayer, Xavier Fagnon, Catherine Deneuve, Jamel Debbouze, Malik Bentalha

durée 1h44

sortie le 10 juillet 2013


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