La deuxième adaptation de "Millénium", par David Fincher

Suède made in USA

Condamné pour diffamation, Michael Blomkvist, journaliste d’investigation hors-pair, est contacté par un puissant magnat afin d’enquêter sur la disparition de sa nièce il y a plus de quarante ans. S’ensuit une plongée vertigineuse dans les tréfonds d’un passé familial mâtiné d’inceste, de meurtres en série et de connivences nazies. Flanquée d’une hackeuse exceptionnelle dont le génie n’a d’égal que ses tendances psychotiques, Blomkvist va se lancer dans une recherche périlleuse de la vérité.

Fincher Forever

Millenium — Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes est la seconde adaptation du roman homonyme et arrive deux ans à peine après la première. Après le local Oplay, réalisateur efficace, mais sans talent particulier, c’est au tour de David Fincher de s’essayer à la trilogie choc de Stieg Larsson. Après le très impressionnant Social Network, le réalisateur américain replonge dans le genre qui a fait sa gloire. Notre attente était d’autant plus grande que son Zodiac était un modèle de maîtrise.

Mais force est de constater que le résultat confine plus à la mise en application d’un cahier des charges prédéfini qu’à une authentique création esthétique issue du matériau original. Certes, la mise en scène viscérale de Fincher, aussi crue que sanguinolente, fait souvent mouche : images chic et surtout choc, atmosphère glaciale, glaçante, et aussi glacée que Rooney Mara, parfaite en Lisbeth Salander et délaissant le glamour hollywoodien pour un look gothique aussi dévastateur que ses accès de rage.Tout le charme du film réside sans doute dans le jeu des acteurs, y compris pour les seconds couteaux. Daniel 007 Craig retrouve ici son flegme britannique, oublié depuis Layer Cake. Et les partis pris visuels si chers à Fincher se font voler la vedette par sa direction d’acteurs impeccable. Une première pour le réalisateur.

Fincher Go Home

Mais Millenium ne comble malheureusement pas toutes les attentes initiales, les choix de mise en scène n’étant pas toujours judicieux. C’est bien le réalisateur de Zodiac et non de Seven qu’on était en droit d’attendre. Avec Millenium, Fincher retombe près de quinze ans en arrière en pruisant une œuvre clip, certes frappante mais finalement tendant plus vers l’esbroufe visuelle qu’au classicisme de Zodiac, donc, ou de Social Network. L’enchaînement frénétique des plans contraste avec les enquêtes minutieuses des protagonistes, ne nous laissant au final la différence de leurs méthodes d’approche comme dans Zodiac. Et cest d’autant plus gênant que Fincher se concentre essentiellement sur cet aspect du roman, délaissant par là même l’exposition savoureuse sur la famille dégénérée dans laquelle sont immergés Craig et Mara. Car si on s’en tient stricto sensu à l’intrigue policière, on obtient somme toute une histoire quelconque avec un serial killer pathétique et des nazillons bas de gamme. Et cette toile de fond passe encore mois à l’écran que lors de la lecture du roman original.

En outre, au chapitre des regrets, la temporalité si bien traduite dans Zodiac se retrouve ici terriblement bafouée puisqu’une enquête de près d’un an semble prendre quelques semaines à peine.

Pourtant, malgré ses défauts, le film de Fincher nous présente un visage fascinant sinon dans un esthétisme tapageur, mais du moins dans ses gueules ravageuses. Et l’on attend déjà, même si c’est plus plus par curiosité que par impatience, la suite des aventures de ce couple si mal et donc si bien assorti.


François Verstraete 


MILLENIUM, LES HOMMES QUI N'AIMENT PAS LES FEMMES 
un film de David Fincher
adapté du roman de Stieg Larsson
MGM
janvier 2012
avec Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer

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