Les épiphanies fortuites de Lila Avilès

Premier long métrage de fiction de Lila Avilès, ce film ambitieux casse bien des détours et attentes du voyeursisme entre chronique sociale et cinéma cérébral.
Venant du théâtre et à partir d'un livre de Sophie Calle et de son auto-personnage voyeuriste, la réalisatrice met en un scène une femme qui navigue et travaille de chambre en chambre dans un hôtel mexicain international. Il devient un lieu à la fois clos et ouvert. Sans musique, avec beaucoup de plans fixes et moyens, Mexico City ne sera jamais. Tout se joue et demeure confiné  entre cocon et prison, horizon flou du dehors et perfection des piles de draps et de serviettes.

Le hors-champ passe uniquement par les coups de fil de la camariste de l'hôtel "Présidente" et son 42ème étage dont cette femme rêve de devenir la technicienne de surface régnante. Tout fonctionne de manière volontairement déceptive en un exercice de  lenteur. 
Ce mouvement sourd est comme un moyen de respiration pour celle qui tord la durée des horaires imposés par divers moments de "rétention" inutiles à son travail proprement dit.

De manière allusive le film n'évite sans doute pas le regard d'une réalisatrice bourgeoise sur le monde manuel. Néanmoins le sujet emporte à travers ce personnage quasi muet là où toute dramatisation est désamorcée.
Lila Avilès montre comment la femme de chambre habite furtivement des lieux. Avec subtilité les micro-fictions mènent volontairement vers nulle part dans cette science du détail sobrement consommée.

Jean-Paul Gavard-Perret

La camarista, film de Lila Avilès

 

 

 

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