Jim Jarmusch : fantôme que fantôme

Jim Jarmusch ne cesse de décevoir depuis quelques films. Et celui-ci ne renverse pas la tendance. En dépit d'une armada d'acteurs de renoms (dont ses incontournables fidèles - entre autres les vieux rockers Iggy Pop et Tom Waits ) il ne reste plus grand chose de la magie de Dead Man.  
Sinon un mot dans le titre.

Au sein d'une bourgade du côté de Pittsburg et Cleveland la vie se met à patiner. Le globe terrestre se désaxe et deux zombies tentent une invasion. Le tout en un gore placide. Mais pour rien. Le film n'est qu'une farce peu drôle, une suite de figurines sans force métaphorique sous musique country d'une banalité assommante.

Bill Murray et les autres errent dans cette plaisanterie nonchalante, pauvre et sans désir. Jarmusch a beau s'auto-citer (Coffee and Cigarette entre autres) et placer des références d'autres cinéastes, la narration ne fonctionne que pas trop rares instants.

Le film ne raconte rien et si fresque anti-trust et anti-matérialiste il y a,  il faut beaucoup d'imagination pour la trouver. Les grands acteurs que s'est offert le cinéaste ne servent à rien puisqu'ils n'ont même pas à habiter des personnages dans un exercice de lenteur. Il perd ce qu'il était dans les premiers opus du réalisateur.
Le film de genre reste ici fidèle à ce qu'il représente souvent : un film mineur où la comédie patine dans une forme d'académisme. Le sous-récit manque de profondeur - ce qui jusque là était la force du créateur dans ses pochades métaphysiques ou sociales.

La nuit de Jarmusch n'a donc rien à voir avec celle d'Antonioni. Et le peu du cinéaste italien est un plein par rapport à la béance jarmuschienne.
Elle se veut une oeuvre de contre-culture.
Elle ne tient que  de la parade anecdotique.

Jean-Paul Gavard-Peret

Jim Jarmusch, The Dead don't died, Rotten Tomatoes

 

 

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