Kojin est un jeune homme kurde homosexuel en Irak. Le film de Yazdani est un documentaire sur sa vie. Il crée une réflexion sur un état des lieux par un disposiitf étonnant et souvent beau et déstabilisant. Et ce, par  le rapport en miroir entre le réalisateur et son personnage que le premier suit pendant plusieurs années.

Le documentaire n'est ni un simple  portrait, ni une dénonciation à charge. Existent parfois des situations ubuesques (avec par exemple un détecteur d'homosexualité !) mais où la société est bien représentée dans le but dans la faire changer.

Ce film est vraiment du cinéma bien plus que du reportage.
Yazdani saisit le monde tel qu'il est en accompagnant un héros qui accepte une série de vexations et de menaces de mort créées par la présence de la caméra.

Toutes les vies de Kojin, joue ainsi sur plusieurs registres sans académisme et avec de belles images qui n'oblitèrent pas le sujet, le héros, sa famille et des entourages obscurantismes. Le tout sous forme d'un burlesque ingénieux et où la fin du film procède d'une belle malice et d'une puissance vertigineuse.

L'oppression que subit une société prise en étau entre Daesch et la Turquie est présentée avec intelligence. Les propos sont parfois d'une rare violence. Ce qui explique le recours à  l'ironie à la Voltaire pour aller au delà du désespoir.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Toutes les vies de Kojin, de Diako Yazdani