Claire Castillon dans la neige

Claire Castillon s'impose peu à peu comme une des grandes romancières de la psychologie humaine. C'est là bien sûr un des ressorts majeurs de la tradition romanesque. Sans lui elle se réduirait souvent à une peau de chagrin - mais c'est justement à  cette approche que l'auteure donne une polyphonie aussi subtile que précise.
Très à l'aise dans les formes ramassées - nouvelles (on se souvient de son génial Les Messieurs et des romans courts et inspirés -  la romancière avec Marche blanche ne déroge pas à sa règle et tout est écrit de manière à souligner divers types d'empêchements.

Sous forme de thriller et dans un décor de Haut-Jura bien des affres sont mises à nu. Existe entre autre une vision impertinente du couple, de la parentalité et de la maternité d'une femme effondrée par la perte de sa fille.
Celle qui s'est mise à vivre recluse est soudain emportée par une force animale au moment où dans sa logique une raison forcément pipée se déraille. Et ce, dans une écriture impeccable capable de traduire des états limites où l'héroïne qui a perdu son enfant s'infantilise pour retrouver un sens. Dans cette fiction, les femmes comme les hommes ont du mal à échapper à leur complexité. Ils sont tous fendus et partagés et Claire Castillon tente de les repriser.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Claire Castillon, Marche blanche, Gallimard, janvier 2020, 166 p.-, 16 €
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