Claude-Henri Rocquet et les racines de l'espérance

Tout d’abord une admirative et chaleureuse reconnaissance envers Annik, l’épouse de l’auteur, à qui, et pour cause, tous ses livres sont dédiés, y compris celui-ci que, toujours aussi fidèle, convaincante et persévérante en sa mission, elle vient de faire éditer.

Qu’il s’agisse de littérature ou de peinture, d’un tableau, d’un livre, d’un écrit profane ou sacré, qu’il s’agisse de Verlaine ou du Cantique des cantiques, Claudel est un maître de lecture, écrit Claude-Henri Rocquet sans visiblement se douter une seconde, donc sans pouvoir à aucun moment penser, pas même soupçonner, que lui-même puisse bel et bien en être un autre à sa façon, et d’envergure, au fil de ses propres œuvres ; dont celle-ci, dernière en date de parution posthume, qui tient du journal spirituel à facettes tant chacun des sujets abordés – materia prima toujours de choix, sinon d’élection, pour le plaisir et les profondeurs de son écriture – entraîne d’entrée loin en direction du centre de gravité intérieur.

Heureux – providentiel ? En tout cas, de toute évidence, événement de nature synchronistique – le fait que Racines de l’espérance paraisse aujourd’hui, à point nommé : au cœur de ces temps à la fois troublés et tragiques qui sont les nôtres en plein. Temps actuels qui, bousculant pour le moins chacun et chacune en son for intérieur, poussent ainsi chaque jour un peu plus à la roue du changement de paradigme désormais de plus en plus largement en cours sur la planète entière.
L’ouvrage s’ouvrant, d’ailleurs, directement de plain-pied avec l’ontologique par une fort réconciliante méditation sur la mort dans Le voile de l'iconostase : en rien absurde et vaine puisque de toute éternité et à jamais indifférenciée – et pour cause ! – de la vie de tous les jours, quelles qu'elles soient en vérité ou selon les apparences.

Je relis encore une fois cette phrase, par exemple, entre tant d’autres tout aussi admirables qu’il me plairait également de relever ici : L’espérance n’est d’aucune saison, elle est de toujours, elle est de chaque saison, elle est au-delà de toute saison.
En foi de quoi…

NB : voilà un livre que, nàni, comme on dit chez moi, il ne vous faut cependant pas espérer trouver présenté en vitrine chez votre grand ou petit libraire préféré, ni même à disposition dans sa boutique. Mais, pour s’en faire pardonner, ce dernier se fera alors, j’en suis sûr, tout sourire commercial à l’appui, un pur plaisir de vous le procurer dans les meilleurs délais.
Et puis de là, enfin, plus que bonne lecture, je vous assure ! Quel écrivain !

André Lombard

Claude-Henri Rocquet, Racines de l'espérance, Le Bois d'Orion, mai 2022, 176 p.-, 19€

Article connexe :
Cher Claude-Henri Rocquet, à bientôt le plaisir quelque peu stupéfiant de vous lire !

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.