Claudia Brutus : espace du dehors / espace du dedans

Claudia Brutus fait sauter les verrous du regard en offrant sur un plateau un monde en gestation qui traverse frontières et continents. Elle rappelle aussi combien la terre est plate afin que les rotondités du monde y tiennent en équilibre.

En son exposition elle évite toute occlusion intestine. Ses "présences" métisses ouvre une nouvelle historicité de l’art en appelant à l'être primitif en nous : celui que nous avons perdu.

L'artiste parisienne - riche de ses multiples cultures qui traverses trois continents - propose des états naissants ou renaissants en ce qui tient - pour une part de « couveuse » quasiment amazonienne où d'une île tropicale mystérieuse.

Elle ouvre par les formes impeccables, fraîches, parfois douloureuses, une circulation dans l'espace ailé où s'organisent divers éléments épars et joints. Une telle oeuvre se suffit à elle-même mais sa créatrice y distille dialogues avec les lieux : s’ouvre une autre dimension au cœur d'une démarche poétique.

Défaisant le trop figé, l’œuvre prend sans cesse une dimension nouvelle et un autre relief. Délaissant des "robes" d'apparat pour des robes de bure, l'espace de l'imaginaire est en éclats à travers des invariants perdus auxquels Claudia Brutus accorde une diaphanéité.

L'exubérance prend un aspect très particulier presque ascétique. Un miracle maraude car la créatrice est apte à capter un tumulte sourd de temps et lieux sauvages mais purs. Elle permet de rejoindre leur flux.

Il n'existe pas à proprement parler de trame ou d'horizon mais le regardeur ne peut se défaire de ce qui tient d'un cérémonial aussi discret qu'étrange. L'œil doit apprendre à en saisir la force poétique immanente.

Jean-Paul Gavard-Perret

Claudia Brutus, Des tropiques aux autres mondes, Espace Saint Martin, Paris, novembre 2018 (exposition).

 

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