Le coup d'Etat du 2 décembre 1851, une étude partiale

Une histoire encore brûlante

Agrégé d’Histoire, Patrick Lagoueyte est connu surtout pour avoir publié La vie politique en France au XIXe siècle (Ophrys, 1997). Le CNRS vient de publier ici sa synthèse sur le coup d’État du 2 décembre 1851, qui permit à Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République élu en 1848, d’asseoir son pouvoir face aux députés de l’assemblée nationale qui refusaient de modifier la constitution pour lui permettre de se représenter en1852 (le mandat présidentiel était alors de 4 ans). Longtemps décrié par l’historiographie (et Victor Hugo !), le futur Napoléon III a bénéficié du concours de certains auteurs (dont le grand Philippe Séguin) qui ont eu à cœur de le réhabiliter. Que vaut donc cet ouvrage ?

Un ouvrage parfois partial

Entendons-nous bien, le sujet est très bien cerné. L’auteur s’applique à étudier clairement la répression qui s’est abattue sur la France suite au coup d’État du 2 décembre 1851. On se doit de relever à juste titre (et à la suite de Maurice Agulhon) que la province et en particulier le Sud-Est, s’est opposée au coup de force. Les soutiens de Louis-Napoléon Bonaparte se sont livrés à une répression féroce, envoyant en Algérie et surtout en Guyane, la « guillotine sèche », des républicains coupables de s’être insurgés. Pour autant, le ton de l’ouvrage, assez militant, dessert parfois l’argumentation. Surtout, il sous-estime le fait que l’opposition conservatrice préparait en sous-main l’élection de1852 en faveur du prince de Joinville, qui aurait restauré la monarchie en faveur de son neveu le comte de Paris. En ces années-là, la République comptait pour peu de choses… A lire en tout cas.

 

Sylvain Bonnet

Patrick Lagoueyte, Le coup d’Etat du 2 décembre 1851, CNRS éditions, novembre 2016, 354 pages, 25 €

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