Silver Surfer, tome 1 - la folle histoire de l'espace

En 1966, dans Fantastic Four #48, les Quatre Fantastiques affrontent Galactus, un géant cosmique qui menace la planète Terre. La particularité de leur adversaire ? Il dévore (littéralement) les planètes pour se nourrir  ! Il est précédé par un messager, un héraut, appelé le Surfeur d'Argent (The Silver Surfer dans la version originale). La peau couverte d'une couche d'argent qui lui confère une allure noble, il glisse élégamment à travers l'espace sur son surf pour annoncer aux habitants que leur planète va disparaître.

Le personnage séduit les lecteurs et ses créateurs, Jack Kirby et Stan Lee, au point de le faire revenir dans une nouvelle histoire. Dans la série Silver Surfer de 1968, affranchi de son maître, il est prisonnier sur Terre. Lors ce séjour forcé, Stan Lee et John Buscema vont mettre un Surfer plus humain, contemplateur de l'humanité, ajoutant poésie et philosophie à l'élégance graphique.


Le retour actuel du Silver Surfer via cette nouvelle série n'a rien du hasard. Marvel cherche évidemment à capitaliser sur les personnages cosmiques depuis le succès Les Gardiens de la Galaxie (qui font ici une apparition éclair). Et l'humour présent dans cette nouvelle version du Surfer a certainement à voir avec celui qu'on trouve dans le film de James Gunn.


Il apparaît très vite évident que le scénariste Dan Slot a choisi de changer de ton. Fini l'introspection humaniste, bonjour la bonne humeur ! Car le Surfeur d'Argent nouveau est joyeux, presque bonhomme.

Contacté par Zed et le gouvernement de l'Impericon, une planète qui défie toutes les lois de la logique, qui ne devrait même pas exister, Le Surfeur d'Argent accepte d'affronter une entité cosmique, la Reine des Jamais, qui menace ses habitants. Et pour le motiver, Zed enlève une jeune terrienne, Dawn Greenwood, que le Surfeur ne connaît pas, mais qui à priori va jouer un grand rôle dans sa vie…


Le surfeur n'est donc plus seul à traverser l'espace intersidéral. Le couple Surfeur/Dawn Greenwood se forme devant nos yeux naturellement, on y croit, notamment grâce aux dialogues fins et savoureux.

Dan Slott fait tout pour construire du space opera "gentillet", ce qui ici n'est pas du tout péjoratif. On a le sentiment d'un comic-book venu d'une autre époque, clairement pas contemporaine. On rentre dans son histoire d'abord interloqué, puis agréablement surpris, comme si on retrouvait une vieille paire de pantoufles qu'on a bien aimé et qu'on avait perdu. C'est doux, c'est confortable. Même les (quelques) combats baignent dans cette ambiance. Et puis par instants, par légères touches, Dan Slott apporte un soupçon de gravité, comme lorsque Dawn comprend le passé de son compagnon.


Douceur renforcée par le style de Mike Allred et la colorisation de son épouse. Les personnages sont ronds, les couleurs typées années 70 comme acidulées. Allred semble comme un poisson dans l'eau, détaille ses cases quand il le faut, s'amuse avec la narration et la composition de pages. On se croirait dans une série B de SF, tous les extra-terrestres ressemblent à des acteurs sous une combinaison. C'est fait exprès et c'est bien.


Ce premier tome est une très agréable surprise. Ce n'est pas un "grand" comic-book dans la mesure où il ne révolutionne pas le genre, mais c'est du bon comic-book qui fait le boulot dans les limites du genre qu'il s'est fixé : le charme surannée de l'aventure avec un grand A.


Stéphane Le Troëdec




Dan Slott (scénario), Mike Allred (dessins)

Silver Surfer, tome 1

Édité par Panini France (4 mars 2015)

Collection 100% Marvel

120 pages

14,95 euros

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