Deadpool – Opération annihilation

Dans les années 70, « Elastic Man » a connu un succès incroyable auprès des enfants. La figurine se présentait sous la forme d’un catcheur blond d’une élasticité impressionnante : on pouvait lui tirer sur les bras comme un fou. On pouvait le transporter n’importe où, pour le montrer à ses potes. Résultat garanti : impossible de résister à l’envie de lui étirer, aplatir ou même lui entortiller les membres. Et quoi qu’on lui fasse subir, il finissait toujours pour retrouver sa forme initiale.

 

Deadpool est un peu l’Elastic Man de Marvel.

 

Les scénaristes de chez Marvel peuvent le trimballer dans n’importe quel coin ou recoin de l’univers, il fonctionne. Dans cet album, le Mercenaire Disert paraît aussi à l’aise au beau milieu d’une parodie de space opera qu’en prisonnier d’un asile psychiatrique. Je ne parle même pas de sa rencontre explosive avec Hulk. Opération annihilation, c’est un peu un album, trois ambiances. Et peu importe les ruptures de tons, c’est le personnage qui veut ça. C’est dans son ADN : il est cinglé et n’a aucune logique.

 

Comme Wolverine, ses pouvoirs mutants lui permettent de soigner n’importe quelle blessure. Même quand Hulk lui met une gigantesque claque, il finit par revenir. Toujours. Du coup, la mort n’existe pas pour Deadpool. Le personnage peut traverser n’importe quel péril, ça n’a pas d’importance. L’intérêt n’est pas le suspense en lui-même(il-ne-peut-pas-mourir, qu’on vous dit !), mais bien dans l’humour, les jeux de mots (bravo à Jeremy Manesse, le traducteur) et les situations absurdes.

 

Et puis, Deadpool finit toujours par revenir à la case départ. Il traverse l’univers Marvel un peu comme la famille Simpson, rien ne l’atteint réellement sur le long terme, tout revient à sa place quand le délire est terminé. Cela fait aussi la force du personnage pour les néophytes : il n’y a pas réellement de porte d’entrée indispensable pour comprendre le personnage. Daniel Way conçoit d’ailleurs son travail ainsi : deux, trois épisodes maxi pour former un récit complet. Simple, clair. efficace : au suivant.

 

Malléable au possible, Deadpool est devenu mine de rien la poule aux œufs d’or de Marvel, son personnage à succès de ces vingt dernières années. Il ne faut pas chercher ici une grande lecture (ces épisodes sont très dispensables en terme de continuité), mais bien une agréable série B, sans véritables enjeux (Oh, Hulk, pif paf) mais délurée et rythmée. Opération Annihilation se lit donc sans génie, mais avec un petit sourire coupable aux lèvres. Et pourquoi au final ne pas jeter un coup d’œil sur les épisodes de Gerry Duggan, de bien meilleur qualité, publiés dans la collection Marvel Now ?

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Daniel Way (scénario), Carlo Barberi, Bong Dazo (dessin)

Deadpool – Opération annihilation

Édité en France par Panini France (2 novembre 2016)

Collection Marvel Deluxe

Traduit par Jeremy Manesse

264 pages couleurs sur papier glacé et sous couverture cartonnée

29,00 euros

ISBN : 978-2-8094-5717-9

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