Négociation en plein désert. Tout ce qu'il y a de plus commun pour des terroristes. Un chef Toubou tente de faire monter les enchères pour une chimiste auprès de son commanditaire en citant Al-Qaïda ! Et ainsi il gagne 100.000 € de plus. La transaction réalisée, chacun reprend sa route. Seulement d’autres personnes recherchent l’otage. Dont, notamment, Tony Corso. Au milieu du Sahara, avec sa chemise hawaïenne, c’est d’une manière quasi flegmatique qu’il délivre la savante et s’échappe à bord d’un hélicoptère, abandonnant, le visage quelque peu défiguré, le cynique « méchant » de ce petit prélude à une nouvelle aventure.

En bref, sortit de nulle part, le célèbre privé de la jet set accompli sa mission sans même salir sa chemise rouge. Et sur ce s’ouvre la sixième enquête à son retour à St-Tropez : Bollywood débarque en France. Cependant, comme toujours, rien ne se passe simplement sur la côté méditerranéenne. La mafia tente de faire chanter quelques personnes dont le meilleur ami d’une star du cinéma indien, un tueur à gage est recruté pour s’assurer de l’obéissance dudit bonhomme, des accidents de voiture ont lieu… Tout ce qu’il faut pour rester dans le stéréotype du polar. Rajoutons à cela que Tony devient suspect aux yeux des policiers et le presque classique scénario est mis en place ! Il convient alors de dénouer la pelote de laine en tirant sur les bons fils, en faisant attention aux petits indices glissés ici et là…

Olivier Belion continu de jouer avec son détective en touchant – lors de la parution de l’ouvrage – tous les sujets d’actualité (débat sur le mariage pour tous, intervention au Mali, etc.). Lorsque nous connaissons le temps nécessaire pour sortir une BD, il faut reconnaître que soit cet homme a beaucoup de chance, soit il est dans le secret des dieux ! Cependant au-delà de l’anecdote amusante, force est d’avouer que le scénario de l’enquête ne présente rien de particulièrement original pour ce genre d’aventure. Mais devons-nous chercher plus avec un Tony Corso ? C’est plus sur l’évolution du personnage, maniant de plus en plus son cynique et découvrant le cœur de ceux qui l’entourent que cet album apporte à la série.

Servit par un dessin classique et efficace, dépassant l’archétype du privé solitaire, Bollywood Connection est une BD qui fonctionne : le lecteur se prend avec plaisir à suivre l’aventure, à apprécier le réalisme des situations « internationales » (contrairement à beaucoup de BD, les différentes langues sont présentes et imposent des traducteurs !) Au final, tout est profondément humain : alors que demander de plus ? Des explosions, des jolies filles, de l’humour ?

Vous les avez en cadeau, que ce soit sur place ou à emporter !

Pierre Chaffard-Luçon

Olivier Belion, Tony Corso 6 : Bollywood Connections, Dargaud, janvier 2013, 11,99 €