Superman – Adieu, kryptonite !

En voulant empêcher une explosion atomique, Superman est exposé à d’étranges radiations. Une fois remis sur pied, il découvre vite que son seul point faible a disparu : la kryptonite, le minerai radioactif produit par l’explosion de sa planète, n’a maintenant plus aucun effet sur lui ! Seulement, au fur et à mesure de ses aventures, Superman comprend qu’il s’affaiblit, que ses pouvoirs disparaissent ou ne fonctionnent plus aussi bien ! Et puis surtout, quelle est cette étrange silhouette qui semble le suivre partout ?

 

Je profite de la sortie d’Adieu, kryptonite pour revenir rapidement sur la carrière d’un des plus grands dessinateurs de comic-books. Né le 17 février 1920 dans le Minnesota, Douglas Curtis Swan est le cadet d’une famille de cinq enfants. En 1940, il rentre dans l’armée et part pour l’Irlande du Nord. C’est là que le cartoonist Dick Wingert qui remarque le talent de Swan pour le dessin. Rapidement, il dessine des strips, des illustrations et des cartes pour Stars and Stripes le journal des forces armées. Il y rencontre France Herron, scénariste et éditeur, qui, au retour de Swan à New York, lui conseille de montrer ses dessins à DC Comics. On lui confie le dessin de titres comme Boy Commandos, Tommy Tomorrow, Gangbusters et des couvertures de Superboy. En 1955, Curt Swan commence à travailler sur Superman : il va contribuer au destin du personnage pendant 30 ans ! On le retrouve sur les titres Superman, Action Comics, Lois Lane ou World’s Finest.

 

En 1986, une page se tourne : Curt Swan est viré de la série Superman. Il réalise son dernier travail sur Superman avec Les derniers jours de Superman d’Alan Moore. L’univers DC sera ensuite entièrement bouleversé avec Crisis on Infinite Earth, avant que John Byrne ne relance la série Superman. Curt Swan continuera à travailler de temps en temps pour DC avant de décéder en 1996.

 

Avec ses dessins de Superman, Curt Swan impose un style puissant mais plus réaliste que Wayne Boring, son prédécesseur. Le visage de Clark Kent devient beaucoup plus expressif ce qui correspond bien avec les intrigues un peu plus psychologiques de l’Âge d’Argent. Au fil des années, son trait s’affine et devient plus détaillé, tout spécialement à partir de 1971, quand Julius Schwartz devient editor chez DC Comics. Et pendant longtemps, le style de Swan devient le modèle à suivre quand il s’agit de représenter Superman.

 

Adieu, kryptonite est idéal pour admirer l’expressivité de son dessin. Peu à peu, Superman perd ses pouvoirs et découvre ce qu’est être humain. Dennis O’Neil construit un arc narratif intéressant à partir d’une succession d’aventures indépendantes, mais reliées par un fil rouge : cette étrange silhouette qui poursuit le justicier. En transformant Superman le demi-dieu en l’homme de la rue, O’Neil humanise évidemment le personnage, et le rend plus attachant car plus proche de nous.

 

Autre détail : ces épisodes se déroulent en parallèle du travail de Jack Kirby pour son Quatrième Monde, puisqu’on y retrouve le nouveau patron du Daily Star, Morgan Edge, en réalité un des sbires de Darkseid. À noter aussi l’apparition de Wonder Woman, période costume blanc, et donc de I Ching, son vieux mentor asiatique et aveugle.

 

Publiés dans les années 70 et les années 80 en kiosque, ces épisodes étaient devenus difficiles à se procurer et n’avaient jamais été réédités en album. Urban Comics les a réunis dans un volume grand format tout en respectant la colorisation à points d’époque, ce qui ajoute une petite touche bienvenue qu’elle soit nostalgique ou surannée. Les occasions de lire du DC Comics des années 70 n’étant pas si fréquentes si on considère la masse d’épisodes disponibles, c’est un plaisir qui ne se refuse pas. Absolument charmant.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Superman – Adieu, kryptonite !

Édité en France par Urban Comics (9 décembre 2016)

Collection DC Archives

Traduit par Laurent Queyssi

17,50 €

192 pages en couleurs, papier mat, couverture cartonnée

EAN : 9791026810797

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