Le bourreau, tome 1 : Justine divine ?

Dans un Paris médiéval magnifiquement mis en scène, un groupe de notables emploie un mystérieux justicier masqué qui, dès lors qu'une mission lui a été assignée, la mène à bien sans jamais manquer sa cible ni son heure, car c'est lui qui décide, qui invoque ses victimes qui viennent recevoir les juste châtiment, par son épée sanctifiée, bras armé d'une justice divine. Qui se cache derrière le masque ? d'où viennent ses pouvoirs surhumains ?un héros ou un monstre, car toute la ville bruit de ses exécutions qui semblent favoriser une caste plus que la puissante au détriment du peuple.

Alors qu'il mène une mission, son bras défaille : il tue celui qu'il prenait pour la cible mais, pour une fois, son arme s'abat sur la mauvaise personne... la vraie, un gamin, est sauvé in extremis par un bouffon sorti de nulle part, qui va  défaire le Bourreau en combat singulier et s'évaporer dans un nuage de fumée. Cette apparition, disons ce vengeur, laisse le Bourreau devenir la risée de tout Paris, et s'interroger sur la nature même de sa mission, voire sa nature propre. 

On pourra être attaché au personnage par son côté mécanique, déshumanisé et transformé en machine à tuer par ses donneurs d'ordre — le parlement de Paris —, et sa fragilité face à ceux qu'on pourrait prendre pour ses geôliers tant sa vie de sacrifices et de souffrance, mené par une foi infaillible. Il évolue dans un monde cruel, dont il est à la fois bourreau et victime. Le scénario assez riche et subtil s'appuie sur présence graphique remarquable, des décors d'une grande profondeur et des personnages qui transposent au Moyen Age les codes du comics sans dénaturer pour autant le probable de cette plongée dans les mystères de Paris !


Loïc Di Stefano

Mathieu Gabella (scénario), Julien Carette (dessin), Le bourreau, tome 1 : Justine divine ?, Delcourt, mai 2016, 14,95 eur
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