James Bond, tome 1 – Vargr

James Bond vient tout juste de venger la mort de l’agent 008 en Finlande, que le chef des services secrets du MI-6 le renvoie en mission. L’existence de la section 00 est menacée et M a besoin de résultats. La mission de Bond est simple : avec l’aide de la CIA, remonter la filière d’un trafic de drogue synthétique. Première étape : Berlin et le centre de recherche de Slaven Kurjak, inventeur de médicaments révolutionnaires et de prothèses motorisées…

 

De James Bond, on retient souvent le héros de cinéma, la prestation sombre (et quelque peu machiste) de Sean Connery suivie par celles, plus légères, plus raffinées, et moins noires, des acteurs qui lui succéderont. C’est oublié qu’il y a eu une autre vision du personnage, imaginée par Ian Fleming à travers ses romans à partir de 1952. Bond y est un tueur froid et cynique, loin du glamour du cinéma. Une saga littéraire aussi prolifique que l’adaptation sur grand écran, puisque les romans inédits continuent à sortir, bien après le dernier écrit par Fleming.

 

Et voici une nouvelle adaptation en comic-books. Ce n’est pas une première, il y a déjà eu une adaptation d’un film (Permis de tuer, par Mike Grell, en 1989) ou des aventures originales (A Silent Armageddon, Permission To Die, La Dent du serpent, Shattered Helix, The Quasimodo Gambit, des comic-strips de Jim Lawrence et Henry Gammidge) ou l’étonnant James Bond les origines : Silverfin). La nouveauté avec cette version, c’est que Dynamite, l’éditeur US, a été cherché une pointure pour en écrire le scénario en la personne de Warren Ellis. Le scénariste britannique est aujourd’hui connu pour ses succès avec Transmetropolitan, The Authority, Hellblazer, ou bien encore l’excellent Planetary.

 

Au fil de ces 6 épisodes, Warren Ellis invoque les deux modèles de 007. Au cinéma, il emprunte le pré-générique et certains clichés (le mégalomane, son sbires monstrueux, les gadgets), mais s’amuse à piocher aussi dans l’atmosphère des romans de Fleming. Le James Bond d’Ellis est un agent parfois antipathique, buté et violent. Ce choix est assez curieux de la part de Warren Ellis qui n’est pas du genre à ménager ses lecteurs. Le contexte, par exemple. Nous ne sommes plus vraiment en pleine Guerre froide, mais ce n’est pas non plus précisément un contexte contemporain. On a parfois l’impression que Warren Ellischerche une autre voie, mais il ne parvient jamais à vraiment s’écarter des deux canons bondiens.

 

Dommage, car à vouloir ménager les deux styles, on obtient un mélange curieux, pas désagréable, notez-le, mais qui ne colle jamais vraiment avec « le Bond » qu’on attend. Peut-être qu’il lui faut plus de 6 épisodes pour pouvoir juger, mais pour le coup, j’ai refermé ce premier tome avec une impression mitigée.

 

Et pourtant il y a un potentiel intéressant, surtout dans le dessin signé Jason Masters. Le design de son 007 est une bonne fusion des acteurs de cinéma, et la gestuelle de son personnage fonctionne bien. Masters a une petite touche de rétro dans son style qui colle bien à la série.

 

Avec ces nouvelles aventures de l’agent 007, Warren Ellis paraît vouloir ménager les attentes de tout le monde, les amateurs des romans comme celui des films. Problème : son travail qui consiste à mélanger les deux styles n’arrive jamais selon moi à ouvrir une nouvelle vision, et du coup, le scénariste prend le risque de décevoir les lecteurs venus avec des attentes précises. Probablement qu’il faut attendre le deuxième tome pour se faire un avis définitif. En attendant, Jason Masters assure côté dessins, c’est toujours ça de pris.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Warren Ellis (scénario), Jason Masters (dessin)

James Bond, tome 1 – Vagr

Édité en France par Delcourt (19 octobre 2016)

Traduit par Philippe Touboul

Collection Contrebande

160 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

16,95 euros

EAN : 9782756082694

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