La Dynastie Le Pen, son univers impitoyable
Chaque chapitre commence par un récit que Jean-Marie Le Pen fait à sa petite fille Olympe, dorant sa propre légende, se mettant de côté des "gentils". La suite viendra démentir cela…
Tout commence en 1951 quand le jeune Jean-Marie fait le coup de main contre les étudiants communistes. Puis les grandes étapes de sa vie passent les uns après les autres, même s’ils sont simplifiés (c’est le genre) mais les grandes lignes sont présentes et centrées sur les histoires de famille. Et l’histoire s’arrête à l’exclusion de Jean-Marie Le Pen du FN, en 2015, et son isolement politique et familial. Et tout le récit prend sens quand on voit Jean-Marie Le Pen ourdir un plan de carrière pour sa petite fille.
Des conflits qui mettent l’ego surdimensionné de Jean-Marie Le Pen, manipulateur de ses proches à des fins purement utilitaires et politiques, face aux arrivismes des gendres, des "amis" (le cas Mégret a un développement tout particulier), aux querelles des filles entre elles et aux avanies politiques, le plus souvent issues de ses propres "écarts de langage" (le fameux détail !) ou des coups de poings (contre une élue, contre le "rouquin").
Le projet de cet album, tel qu’exprimé en quatrième de couverture et donc sans surprise, est une charge sans ambiguïté, sans nuance, mais aussi malheureusement sans humour : le règlement de compte est trop lisible. Bien sûr, les faits sont justes, le parcours politique de Jean-Marie Le Pen est semé de tâches et de rebondissements, de victoires et d’humiliations, d’unions et de désunions, mais pourquoi "combattre" le FN avec autant de truismes et d’insultes bistrotières ? ce sera comme toujours, inefficace et vain.
Loïc Di Stefano
Renaud Dély (scénario) et Fred Coicault (dessin), La Dynastie Le Pen, son univers impitoyable, Delcourt, mars 2017, 144 pages, 16,95 eur
(1) On lui doit notamment un Histoire secrète du Front national (Grasset, 1999), La Droite brune. UMP-FN, les secrets d'une liaison fatale (Flammarion, 2012)
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