Jean-Philippe Depotte, Le chemin des dieux : Hymne à la beauté

Un écrivain intriguant

 

Déjà auteur remarqué des démons de Paris et des jours étranges de Nostradamus, Jean-Philippe Depotte (né en 1967) finit ici de creuser un sillon original au sein de la science-fiction française : l’héritier des feuilletonistes du 19e siècle se métamorphose ici en passeur d’univers culturels exotiques. Avec le chemin des dieux, Depotte nous invite ni plus ni moins qu’à un grand voyage vers un pays méconnu, le Japon. Ou comment découvrir que le pays du soleil levant vaut bien plus que Toyota et Mitsubishi…

 

Soleil couchant

 

Douze ans plus tôt,  Achille a vécu au Japon et y a aimé passionnément Uzumé. Celle-ci a refusé de l’épouser et il est revenu en France. Lorsque son meilleur ami Francis, qui est resté au pays du soleil levant et y a fondé une famille, l’appelle pour le prévenir de la disparition d’Uzumé, Achille prend un billet pour Tokyo. A l’aéroport, il rend service à une jeune artiste taxidermiste, Vera, une japonaise qui rentre au pays.

 

« Il descendait à peine de l'avion. Et il avait traversé le monde parce qu'Uzumé avait disparu. Kidnappée. C'est dire s'il ne s'attendait pas à la retrouver ainsi, en dix mètre sur six, sur le mur de l'aéroport. »

 

Il revient dans un Japon secoué par d’étranges phénomènes dû à un incident mystérieux : les étrangers sont invités à quitter le pays. Après avoir appris le suicide de Francis, Achille décide de rester et s’embarque dans un voyage à travers un pays qui s’interroge ; un pays qui a peur de voir disparaître ses dieux, en particulier Amaterasu, la déesse du soleil dont descend directement la dynastie impériale. Après s’être fait détrousser, Achille part rejoindre Vera dont il devient un assistant. Celle-ci réalise des œuvres qui ont comme but d’exalter la beauté d’un instant, beauté que les japonais mettent au-dessus des notions de bien et de mal. Achille découvre bientôt que les dieux (et les démons) de la mythologie shinto sont dans les rues et qu’Uzumé n’est pas une simple femme…

 

Un autre monde

 

La beauté… L’ouvrage de Jean-Philippe Depotte ne parle que de cela… Les japonais qu’il décrit sont obsédés par la recherche de cet instant magique (quitte à commettre des tours cruels ou sadiques). Quant à leurs dieux, ils ne savent pas si le monde (c'est-à-dire le japon) doit prendre fin ou recommencer un nouveau cycle. Amaterasu a disparu, il s’agit de la retrouver et Achille, le français ingénu et idéaliste, va devenir l’instrument de cette quête. Onirique et déstabilisant, le chemin des dieux entrouvre une porte vers ce monde étrange qu’est le Japon, aussi exotique que Mars sous la plume de Jean-Philippe Depotte. On referme ce livre avec un goût étrange dans la bouche, celui de la découverte de l’autre. A vous de lire.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Jean-Philippe Depotte, Le chemin des Dieux, Denoël Lunes d’encre, avril 2013, 480 pages, 20,90 €

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