Les marais salés de Julie Salin
Devant tous les assoiffés qui collent leurs lèvres aux bords de tasses athées Julie Salin claquette en talons hauts en un style plus noir punk que coulis fuchsias. Perchée sur la corniche de son écriture énergisante elle propose des dérives désirantes qui éloignent les sages de leur sommeil. Il est fort à parier que beaucoup d’entre eux aimeraient tomber dans les beaux draps que la poétesse feint de repasser pour les recevoir. D’autant que chacun d’eux pense qu’elle s’adresse à lui lorsqu’elle lance son « je suis ta chambre ».
Mais il faut se
méfier de la Punkette
grimée en Barbie Girl. Son écriture n’ignore pas les intonations excentriques.
Pour autant elle cultive en rien la provocation factice. Dans sa poésie de l’intime l’histoire s’enchâsse
par généalogie cinématographique et musicale. L’onirisme prend lieu de réalisme. L’inverse est vrai aussi. Redresseuse
de courbes et trameuse du fil des pensées Julie Salin reste une Lady en rien Gaga voire une femme du boulanger plus fidèle
qu’on pourrait le penser. Son écriture
jamais enfarinée renvoie paradoxalement à une forme de diaphanéité au service
d’une poésie qui fait de la narrativité du réel une fiction phosphorescente.
Elle appuie sur la région du cœur. Celui du lecteur peut brûler les flammes de l'enfer dès que ses
pulsions s’accélèrent à l’évocation implicite de la raie naissante dans
l’échancrure salace du chemisier de la Daisy carnée.
Jean-Paul Gavard-Perret
Julie Salin, « Ton visage », "Salina Vue d’avion », « Salty et la main Jazzy » Editions derrières la salle de bains, Rouen.
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