Proie devenue ombre, l'actrice Regina Demina s’arrache à l’attraction
de l’homme. Ou plutôt elle le met face à lui-même quand - son désir satisfait
et matin venu- il se sent prêt à
pérégriner à travers le monde fort de sa molle canne phallique et sa famine
assouvie. Sa nature gloutonne se transforme alors en puissance d’inertie.
L’auteure n’en fait pas une choucroute dans son texte et son film. Elle sait que l’homme du désordre de la
pulsion se détourne de l’objet de son désir. Il fait le vide en lui : à l’exaspération
du plaisir fait place celle envers sa compagne comme si la femme de cœur était
au-delà de toute réalité concevable. L’auteure observe l’attitude de l’homme
essoré de sa puissance « voratrice ». Elle revendique
simplement un
autre droit qu’être objet ou ce que l’amant appelle « la poupée qui
parle ». Est-ce trop demander à ce partenaire ? Celui qui fut chair
sensible et flamboyante portée par l’infini du désir semble avoir perdu la foi
et pense qu’après il n’y a plus rien. Regina Demina en propose le constat de
manière austère, sèche et néanmoins plus tendre qu’amère. En filigrane se
dessinent l’inassouvissement et la morosité d’une entreprise qui par delà les
émois prend la longueur des agonies d’autrefois. Ce qui n’empêche pas des
rebondissements possibles. Néanmoins - et comme pour le reste - on ignorera
tout. Ou presque. Il n’y a peu à ajouter au constat que dresse ce texte court.
L’auteure s’y presse sans se hâter. Son poème est lucide, juste. La femme
amante dit la vérité de son destin, de sa « nature ». Elle l’accepte
soutenue dans sa solitude par son ardeur d’amoureuse. Celle-ci la lie à la
détermination de son élan comme à une forme de ténèbres. Superbe texte, superbes images.
Jean-Paul Gavard-Perret
Regina Demina, « Una Cartolina », avec un DVD de 6mm., Editions Derrière la salle de bains, Rouen, 14 €, tirage limité à 70 exemplaires, 2014.
Dans un pays comme le mien ce ne sont pas les hommes dans leur machiste qui incistent les femmes à devenir poupée parlante.mais la situation miserable a laquelle elles se font proie ne leur offre pas d'autre choix.
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Dans un pays comme le mien ce ne sont pas les hommes dans leur machiste qui incistent les femmes à devenir poupée parlante.mais la situation miserable a laquelle elles se font proie ne leur offre pas d'autre choix.