Monstres vont - Patrick Jannin

Patrick Jannin est un polymorphe lucide. Il se définit - entre autres – de la manière suivante : « Je n'ai pas fait dans le détail / J'ai fait dans l'angoisse plus rarement dans le bonheur / Mais je n'ai pas fait l'Everest ». Pourtant il y a dans ses dessins bien des monstres des neiges. Mais la froid n’a pas le privilège de ses métamorphoses anthropologiques. Certains pompent la chaleur humaine dans leurs entrailles et leur viscosité hors mesures. Jamais vulgaires ou platement obscènes ces figurations possèdent parfois des articulations mathématiquement impossibles ce qui ne les empêche pas de fêter le cinquantenaire du bikini ou d’autres jubilés.

Toutefois Jannin aime plutôt
le progrès, les mutilations complices,
les traces d’ADN étrangères quitte à proposer des positions pouvant heurter la
sensibilité. Le regardeur n’est jamais au bout de ses surprises. Les choix que
l’artiste lui-même estime catastrophiques se révèlent des opportunités. Soudain les dessins
traversent les corps en rafales. Ils
deviennent des projectiles. Ils se localisent allusivement vers les
seins, le sexe ou le rire. Il s’agit déjà la référence absolue. Le déclencher
passe justement par l’incartade. La hauteur dite d’homme est tout simplement
indexée à la nudité de ce rire.
Jean-Paul Gavard-Perret
Patrick Jannin, Pickpocket, Derrière la Salle de Bains, Rouen, 8 €.
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