Les belles endormies : Florence Dussuyer

                   



Si le sommeil est un état qui dit-on affecte les sens, Florence Dussuyer le présente à la vue tel un objet. Ou si l’on préfère elle en fait quelque chose du temps avec sa durée propre et son statut de réalité. Et ce par  l’entremise de ses belles endormies saisies en diverses postures. Leur corps est solide mais ni opaque, ni lourd. Il semble résister à la chute dans les « graves » (entendons les cauchemars).


Les femmes ne sont plus les verticales ce qui n’enlève en rien leur majesté et leur poésie. Couchées elles ne sont pas abattues ni gisantes. Leurs couleurs tourmentent l’ombre. A l’heure où « tous les chats sont gris » elles résistent donc aux effacements. Contre l’obscurcissement localisé qu’imposent la perte de lumière et de conscience, Florence Dussuyer  les rappelle aux propriétés de la lumière afin que toute ombre soit offusquée. En rendant le sommeil présent elle s’en saisit telle une rêveuse insomniaque et ce comme disait une chanson populaire « pour le plaisir ». Que demandez de plus ?


Jean-Paul Gavard-Perret


Florence Dussuyer, « Red Box », Editions Derrière la Salle de Bains, Rouen, 2015, 20 E..

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