Catherine Benhamou lectrice ailée d'Emily Dickinson

Catherine Benhamou entérine l'éternité d'Emily Dickinson dans une fiction théâtrale  au souffle narratif et poétique. Emily Dickinson y exprime par procuration sa vie de femme imposée au service d'un mari et en respectant les consignes sociales avant de passer en quelque sorte de l'autre côté de la frontière.

La dramaturge redonne vie à celle dont l'existence crée une émotion profonde. Elle est suggérée ici par la musicalité d'une langue qui garde  l'équilibre entre les mots et les silences de l'Américaine.

De la femme cachée, terrée de plus en plus en elle et exposée à une douleur et un manque viscéral, l'auteure fait franchir le seuil de son intériorité de ses divers états de trouble.

Catherine Benhamou a tout compris de son héroïne. Elle "traduit" sa paradoxale liberté de penser au sein de l'enfermement cassé par le désir radical de l'écriture. Elle impose ainsi sa vision qui est bien autre chose qu'une adaptation.

Le tout dans ce qui devient une avouable communauté  au delà du temps et où se mêle un souffle supplémentaire à celui d'Emily pour aller jusqu'au bout du littéral, du silence et leurs aveux.


Jean-Paul Gavard-Perret


Catherine Benhamou, La Mélodie sous les paroles, Des femmes – Antoinette Fouque, juin 2021, 80 p., 12 euros

Aucun commentaire pour ce contenu.