Les morts à la con de l'Histoire !

S'il n'y a pas de mort particulièrement intelligente, il peut en être d'héroïques ou de mystérieuses... mais rater sa sortie pour un haut personnage de l'Histoire, c'est souvent laisser une dernière image de soi qui va gâcher tout le parcours, aussi grand fut-il... Et parce que c'est cruel et drôle, on se régale de ces  petites ironies de l'histoire.

Nous avons donc le grand conquérant qui meurt parce qu'une vieille dame de la ville assaillie lui jette une tuile, laquelle lui fend le crâne ; le tragédien au crâne dégarni qui lui comme un caillou sur lequel un aigle lâche sa proie pour qu'elle se brise, et la tortue a eu raison du grand homme ; l'homme politique qui succombe aux assauts de sa maîtresse... (1) ; le grand conquérant qui meurt dévoré par des loups comme un gueux ; le grand compositeur qui oublie de soigner son mal et meurt sur pieds avant d'avoir pu regagner les faveurs du roi... Le catalogue est quasi inépuisable, et toujours drôle et insolite. Si certaines sont fameuses, d'autres plus méconnues, l'ensemble est très cohérent et se lit avec délectation.

Chaque "cas" est contextualisé, expliqué et détaillé avec beaucoup de soin pour que la sortie soit mise en miroir de la vie du grand homme. Les "morts" sont classées en "gare aux femmes", "grande gloire et petite mort", "le combat de trop", "vengeance de l'histoire", "Morts humiliés", "Pas de chance !", "péché de gourmandise", "quand l'assassin rôde", "un petit mal qui finit mal".

L'ouvrage est complété de célèbres mots de la fin, comme l'inénarrable "Je meurs vraiment au-dessus de mes moyens !" d'Oscar Wilde ou "Enfin, on va maintenant jouer ma musique" d'Hector Berlioz. 

Loïc Di Stefano

Dimitri Casali, Céline Bathias, Les morts à la con de l'Histoire, Express Roularta, avril 2013, 272 pages, 18,50 euros

(1) Je ne résiste pas à citer la sortie de Clémenceau pour commenter la mort de ce grand homme : "Il voulait être César, il ne fut que Pompée"...

2 commentaires

ce livre m'a beaucoup plu, très intéressant mais pas si drôle que ça!