Les auteurs parlent eux-mêmes de leurs livres et donnent dix bonnes raisons de ne pas les lire. Petit exercice décalé de dérision critique, où parfois une certaine vérité vient se nicher... A vos jeux !

Dix bonnes raisons de ne pas lire La Disparition du monde réel par Marc Molk

A l'occasion de la parution de son très beau roman La Disparition du monde réel, Marc Molk a bien voulu nous donner dix bonnes raisons de ne pas le lire.


Pas d'image sur la couverture, pas de pelliculage brillant, pas de jaquette rouge avec écrit en lettres majuscules sans empattement "LA REVELATION DE LA RENTREE !".


La disparition du monde réel fleure, à vue de nez, l'autofiction. J'ai lu quelque part que c'était un genre que l'avènement suprématiste de la littérature-monde avait récemment tout à fait ringardisé.

Il y est question de divorce, d'amitiés déçues, de ratage, dans un décor idyllique, l'arrière-pays provençal, qui ne rattrape rien.

Trop français, vaguement bourgeois. L'auteur se contente d'événements souvent gullivèriens. Il se complaît à produire des phrases dont le sens définitif n'apparait régulièrement qu'à la chute du point, comme s'il avait placé ses principales ambitions de suspens à cette échelle, exaspérante.

Le récit est à la seconde personne du pluriel. Coquetterie de parisien qui tente de dissimuler la trace-je d'un narcissisme exacerbé par un procédé déjà connu et qui trahit un goût décadent pour le maniérisme en général.

"La disparition du monde réel" est une expression empruntée à Jean Baudrillard, dont le père était gendarme. Des forces réactionnaires, un amour de l'ordre et de la couleur bleue irriguent donc en profondeur ce roman contre-révolutionnaire.

Trop de sexe pour le sexe, de sexe triste. Le lectorat féminin sera choqué ou bien se sentira obligé de se masturber en poursuivant sa lecture.

Trop cher. 150 pages = 15 euros > 1 page = 10 centimes. Le mot du dictionnaire, gratuit par temps clair, revient ici, à l'unité, grosso modo à 0,04 centimes. C'est un marché de dupe.

La disparition du monde réel ne sera jamais adapté au cinéma ni par Maurice Pialat ni par Sylvester Stallone, ni par personne malheureusement.

La disparition du monde réel devrait, pour être bien lu, être lu seulement dans vingt ans, au détour d'un carton descendu du grenier par l'un de vos grand-enfants. Le papier aura été gondolé, souviens-toi, par la fuite d'eau dans la maison de ta mère, quand on a entreposé là-bas les vieilles affaires de Violaine avant d'emménager à Châteauroux. Vous vous assiérez sur le fauteuil rose que vous refusiez de voir dans le salon mais qui est devenu inexplicablement "votre" fauteuil, et feuilletant simplement le livre, vous penserez à ce qu'à bien pu devenir ce Marc Molk. Je serai là avec vous, transparent. Mais saurez-vous attendre ?

Marc Molk, mars 2013
pour le Salon littéraire

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