En 1924 Georges Remi se mue en Hergé, première signature qui apparaît sur l’un de ses dessins. Il n’a pas le pied marin et n’a fait que traverser la Manche. Avant la guerre, campé derrière sa planche à dessin, il n’a point l’âme hauturière, les bolides à quatre roues le passionnent nettement plus, voire les avions.
Nonobstant, son souci de précision l’amène à enquêter sur le monde marin et à créer sa Licorne. Il n’a jamais dit d’où lui venaient ses informations, ce sont les différents exégètes de son œuvre qui ont permis de retrouver ces sources.
Embarquement immédiat !

Nous revoilà, lecteur fidèle des aventures du jeune reporter à houppette, après le cargo Karaboudjan du Crabe aux pinces d’or et le navire océanographique de L’Etoile mystérieuse convié à découvrir la légende de la Licorne, trois-mâts du XVII siècle sous le commandement d’un aïeul du capitaine Haddock, le chevalier François de Hadoque.
Ce noble bateau correspond assez précisément à un type de vaisseau présent dans la Royale, la marine de guerre de Louis XIV. La première version de la BD date de 1942, parue en feuilleton dans Le Soir, et les dessins vont évoluer au fil du temps.

Portée par une suite, Le Trésor de Rackam le Rouge, ce premier volet du diptyque permet à Hergé de peindre des personnages hauts en couleur, du chevalier au pirate. Des tempéraments, caractères et profils qui marqueront les lecteurs. Il révèle aussi l’amour d’Hergé pour le célèbre capitaine Haddock qui prend ici toute l’épaisseur de son rôle-clé dans les aventures de Tintin…

Très bel album qui se conclut par une série photographique détaillée de la maquette de La Licorne, porté par des études précises et des extraits des différentes planches à divers état d’avancement. Un objet-culte pour les aficionados.

François Xavier

Yves Horeau, Jacques Hiron & Dominique Maricq, Tous les secrets de La Licorne, 235 x 285, éditions Moulinsart/Gallimard, octobre 2017, 184 p. – 35€