"La Belle et la Bête" de Jean Cocteau, les coulisses du tournage

LA BELLE ET LA BETE : la référence


Au moment où s’apprête à sortir une nouvelle version de La Belle et la Bête, il est bon de revenir aux origines. C’est-à-dire au film de Jean Cocteau. L’un des rares chefs d’œuvre authentiques du cinéma français. Le terme a été un peu trop galvaudé et ne peut, en réalité, concerner qu’une poignée de films. Celui-ci en fait partie. Jean Cocteau était un authentique poète, l’un des rares à avoir réussi à transposer son univers au cinéma. Christophe Gans, réalisateur de la prochaine version, ne cache pas s’en être beaucoup inspiré. Autant emprunter aux meilleurs.


Sur ce film magique et majestueux existe déjà un livre très impressionnant des 287 pages paru en 1992 aux Editions du Collectionneur. Un must que je recommande à tous les amateurs du film. Malheureusement, l’ouvrage est désormais introuvable et s’arrache à prix d’or chez les spécialistes. Celui de Dominique Marny (qui a quasiment la même couverture que le susdit) arrive à point nommé pour combler un vide. Un album grand format qui promet de plonger « dans les coulisses du tournage ». L’auteur connait son sujet et on lui doit déjà un intéressant Les Belles de Cocteau (JC Lattès, 1995)


A l’aide de documents d’époque, il revient sur le conte initial puis sur le tournage lui-même. Au passage, il retrace le parcours biographique des principaux protagonistes du film (acteurs et techniciens). Puis page 41 s’ouvre le tournage lui-même. Il débute en août 1945 et se termine une quarantaine de pages plus loin. Étayé par des reproductions rares et de nombreuses photos. Puis, vient la sortie illustrée par une partie sans doute moins intéressante qui consiste à reprendre les critiques de journaux dans leur intégralité (lecture fastidieuse).


Voilà donc un livre qui tient ses promesses et qui, sans révélation fracassante, permet de retrouver la grâce jamais égalée du film tout en revivant les coulisses pas toujours roses du tournage. Le décalage est d’ailleurs intéressant : sur le terrain, La Belle et la Bête se révèle ni plus compliqué ni plus facile à mettre en boite qu’un autre, au final le résultat se situe à mille lieues de tout ce qui se faisait à l’époque (et s’est fait depuis !).


Un bel hommage, donc. Une façon de toucher du doigt et tout au moins des yeux les « noces du rêve et de la poésie » comme l’écrit Pierre Bergé dans la (courte) préface.


« Quand on voyage, explique Christophe Gans, on se rend mieux compte du rayonnement de Cocteau dans le monde entier. Je suis fasciné par son impact en Angleterre et aux Etats-Unis, par exemple. Il continue de faire rayonner la culture française à l’étranger. »


Grâce à un album comme celui-là, on a l’impression de préserver chez soi quelques poussières dorées de l’immense talent de Jean Cocteau.


Philippe Durant


Dominique Marny, La Belle et la Bête, les coulisses du tournage, Hors-Collection, novembre 2013 (1re édition 2005), 112 pages, 29 euros

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