Donatien Alphonse François, marquis de Sade (1740-1814), philosophe, écrivain libertin et débauché, emprisonné à de nombreuses reprises. Biographie du Marquis de Sade.

Sade : Biographie

Chronologie synthétique de la vie et l'oeuvre de Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814). Joueur, débauché, dépensier, il a très vite mauvaise réputation. Les problèmes s’enchaînent, liés à une vie de débauche et de turpitudes sexuelles qui le conduiront en prison. Sade met à profit son enfermement pour construire une œuvre faite de fureur, de violence et de cruauté, livres dont il niera être l’auteur. Libéré, il participe activement à la Révolution française, publie des livres d’inspiration érotique, largement philosophiques, mais replonge en 1801, pour ses écrits cette fois, jusqu’à la fin de ses jours, le 2 décembre 1814. D.A.F. de Sade occupe une place à part au Panthéon de la littérature. Il aurait pu très vite être considéré comme un grand écrivain s’il n’avait de son vivant brouillé les pistes : par les années de prison, les raisons qui le conduisirent derrière les barreaux, les frasques et l’odeur de souffre, par son acharnement à renier ses textes, jurer qu’ils ne sont pas de lui et dire sans cesse le contraire de ce qu’affirment ses personnages, par la légende, le mythe sciemment ou involontairement entretenu. Car rare sont les écrivains dont le patronyme donna lieu à un néologisme, « sadisme », qui s’installa aussi durablement dans la langue quotidienne.



1740 – Naissance à Paris dans une vieille famille aristocratique, le 2 juin, à l'hôtel de Condé, aujourd'hui disparu, de Donatien-Aldonse-François de Sade, fils de Marie-Éléonore de Maillé de Carman, alliée aux Condés, branche cadette des Bourbons (dame d’honneur de la princesse de Conté) et de Jean-Baptiste-Joseph-François, comte de Sade, seigneur de Saumane, de La Coste et coseigneur de Mazan. Il fut diplomate à Moscou (1730), à Londres (1733), aide de camp du maréchal de Villars (1734-1735), et est depuis 1739, lieutenant général aux provinces de Bresse, Burgey, Valromey, et Gex. Il est alors chargé de mission auprès du Prince-Électeur de Cologne.

Le 3 juin, le vicaire de Saint Sulpice l'inscrit au registre des baptêmes avec un deuxième prénom erroné: Alphonse au lieu d’Aldonse d’origine provençale.

 

1744 – Donatien vit pendant un an chez ses tantes à Avignon et dans le Comtat Venaissin.

 

1745 – Sade est pris en charge par son oncle paternel, Jacques-François-Paul-Alphonse, dit l'abbé de Sade, à Saumane, tout près de Fontaine-de-Vaucluse. Cet homme de culture (historien de Pétarque) et de libertinage offrira à son neveu une éducation éclectique et non conventionnelle pour l'époque.

 

1750 – L’adolescent entre chez les Jésuites du collège d'Harcourt (actuel lycée Louis le Grand à Paris). Il y découvre le théâtre et la scène. Il s'exerce très tôt à jouer, et conservera toute sa vie une passion pour le théâtre. L'Abbé Amblet lui donnera des cours particuliers et interviendra souvent à l’avenir pour réparer les scandales de son ancien élève.

 

1754 – Le jeune marquis, dûment nanti d'un certificat de noblesse, alors indispensable pour avoir rang dans l'armée, entre à 14 ans à l'école préparatoire de cavalerie, annexée au régiment des Chevau-légers de la garde.

 

1755 – Sade est nommé sous-lieutenant au régiment d'infanterie du roi, et ensuite capitaine de cavalerie.

 

1757 – Il participe bravement à la guerre de Sept Ans, opposant l'Autriche, alliée à la France, la Prusse et l'Angleterre, comme cornette (porte-drapeau) aux carabiniers du Comte de Provence, frère du roi.

 

1759 – Sade est promu capitaine au régiment de cavalerie de Bourgogne. Il vient alors fréquemment à Paris et montre son goût pour la luxure en fréquentant des actrices et des courtisanes (le souvenir des scènes galantes entrevues à Saumane ?).

 

1763 – Le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans. Sade est démobilisé en mars. Il s'installe alors dans le château familial de La Coste, l'une des seigneurie de son père. C’est là qu’il rencontre sa première passion en la personne de Mlle de Lauris, châtelaine de Vacqueyras, dont il tombe éperdument amoureux. Il est décidé à l'épouser mais sa famille s'y oppose et l'oblige à épouser, le 17 mai, Mlle Renée-Pélagie de Montreuil, de petite noblesse de robe, fille d'un riche magistrat. La famille de Montreuil avait de puissantes relations à la cour, ce qui, croyait-on, servirait à la carrière de Sade. Mais sa redoutable belle-mère s'en servira surtout pour obtenir de prolonger les incarcérations de son gendre.

Quatre mois après son mariage, le 29 octobre, le jeune marquis est arrêté par ordre du roi pour la première fois de sa vie. Il est incarcéré pour une durée de 15 jours au donjon de Vincennes. Le motif en est « débauches outrées en petite maison » suite à des excès dans une maison close, blasphème et profanation de l'image du Christ. C'est son premier contact avec la prison où il passera près de trente ans de sa vie.

Le 13 novembre, il est libéré grâce à l'intervention de son père. Il doit rester en résidence obligatoire en Normandie au château d’Échauffour qui appartient aux Montreuil.

 

1764 – En avril, Sade est autorisé à revenir à Paris. En mai, il reçoit au parlement de Bourgogne la charge de lieutenant général de Bresse, Bugey, Valromey et Gex, héritée de son père qui s'est démis en sa faveur par lettres patentes en forme de provision, le 4 mars 1760. En outre, le roi lui avait accordé, dès le 1er mai 1763, « pour faciliter son établissement », un brevet de retenue de soixante mille livres. En juillet, il entretient une relation avec Mlle Colet ou Colette, actrice du Théâtre-Italien, qu'il aimera avec « frénésie ».

 

1765 – Le marquis s’attache à une autre actrice, Mlle de Beauvoisin, beauté fort répandue et très coûteuse. Durant l'été, il l’installe même au château de La Coste, la faisant passer pour une parente de sa femme, voire même pour son épouse.

Le 21 août, il signe devant notaire un contrat par lequel il s'engage à lui verser une rente perpétuelle de 500 livres en échange d'une somme de 10 000 livres provenant de la vente de bijoux. Mais rien ne prouve que cette rente ait été versée.

Cette même année, de retour à Paris, il découche fréquemment chez la Beauvoisin. Il est aussi question d'une Mlle C… rencontrée dans un salon parisien, dont il mentionne dans l'une de ses lettres son regret de n'avoir pu l'épouser.

 

1766 – En janvier, Sade délaisse la Beauvoisin et s'éprend, pour 10 louis par mois (1400 francs actuels) d'une « grande fille aimable », la Dorville, sortie du Sérail de la Hecquet, maquerelle bien connue à l’époque. Puis c’est au tour de Mlle Leroy, une danseuse figurante de l'Académie Royale de Musique. Ce lieu sera d'ailleurs pour lui, et pour nombre de ses contemporains, un terrain de chasse recherché.

C'est cette même année qu'il commence à louer sa petite maison d'Arcueil à M. Lestarjette.

 

1767 – Le 24 janvier, au décès de son père, Donatien hérite fiefs de La Coste, de Mazan et de Saumane et du titre de Comte. Il continuera néanmoins de se faire appeler « marquis » qu'il portait déjà en tant que premier fils d'un comte. Il hérite aussi de nombreuses dettes.

En avril il semble vouloir revenir à une carrière militaire, il est nommé capitaine au régiment de cavalerie du Mestres. Quelques jours après, il se rend à Lyon pour rejoindre la Beauvoisin, laissant à Paris sa femme enceinte de cinq mois.

Le 27 août, naissance de son premier fils, Louis-Marie, comte de Sade.

En octobre, de retour à Paris, Sade poursuit de ses assiduités Mlle Rivière, danseuse du ballet de l'Opéra. Il lui propose même d'habiter sa petite maison d'Arcueil mais elle se refuse à lui et aux 25 Louis d'argent de poche mensuels qu'il lui propose. La réputation du marquis s'établit peu à peu et l'inspecteur Marais, qui le surveille régulièrement depuis 1764, prédit que « on ne tardera pas à entendre encore parler des horreurs de M. le comte de Sade ».

 

1768 – Le 3 avril débute l’affaire Rose Keller. Ce jour-là, il remarque place des Victoires, une femme demandant l'aumône et dont les charmes vont le mener pour la première fois devant les tribunaux. Moyennant un écu, cette veuve, âgée de trente-six ans, fileuse de coton au chômage depuis un mois, accepte de venir faire le ménage dans la maison du marquis. Arrivée sur place, Sade l'enferme dans une pièce. Deux autres filles sont déjà enfermées dans la maison, mais Rose ne saura rien de leur présence. Un peu plus tard, il l'allonge sur le canapé, la flagelle, puis l'enferme de nouveau avec de la nourriture, lui promettant de la délivrer le soir même. Rose Keller n'attendra pas jusque-là : elle s’échappe par la fenêtre, après avoir refuser la somme rondelette proposée par Langlois, le valet du marquis. Le 5 avril, son épouse, avertie, tente d'éviter le scandale. Elle envoie l'abbé Amblet et le procureur Sohier auprès de Rose Keller qui consent, après marchandage, à se désister, moyennant 2 400 livres. Le 8 avril, malgré le désistement de Rose Keller, Sade est conduit, sur ordre du roi, en « résidence surveillée » au château de Saumur. Il y restera 18 jours. Pendant ce temps, la chambre criminelle de la Tournelle instruit le procès. La famille du marquis fait agir ses relations afin d'étouffer l'affaire. Le 30 avril, Sade est transféré à la forteresse de Pierre-Encise, près de Lyon où il restera un mois, avant d’être transféré le 2 juin à la conciergerie. Le 10 juin, Sade comparait devant la Grand Chambre, seule habilité à connaître les lettres d'abolition dont il jouit depuis novembre 1763. Il est condamné à une amende de cent livres. Après quoi on le reconduit à Pierre-Encise. Il ne sera libéré, sur ordre du roi, qu'en novembre. Jusqu'en mai 1769, il restera à La Coste.

 

1769 – Naissance le 27 juin à Paris du second fils de Sade, Donatien-Claude-Armand.

 

1770 –  Sade reprend du service à Compiègne, en qualité de capitaine-commandant au régiment de Bourgogne.

Le 23 septembre, le marquis part pour les Pays-Bas. De retour, le 23 octobre, il en rapporte un « Voyage de Hollande, en forme de lettres, fait en 1769 ».

 

1771 – Il est nommé le 13 mars mestre de camp de cavalerie.

Le 17 avril, naissance, à Paris, de sa fille Madeleine-Laure.

En août, Sade est emprisonné pour dettes.

En septembre, il part pour La Coste en compagnie de sa femme et de la soeur de celle-ci, Mlle de Launay, chanoinesse.

 

1772 – En janvier, à La Coste, Sade monte la représentation d'une comédie dont il est l'auteur.

Mi-juin : Ses difficultés d'argent s'aggravant, il part pour Marseille en compagnie de son valet Latour afin de toucher une lettre de crédit. Il se rend plusieurs fois chez une jeune lyonnaise de dix-neuf ans, Jeanne Nicou.

Le 25 juin éclate l’affaire des quatre filles de Marseille. Sade et son valet se livrent à une partie avec des prostituées. Outre divers sévices dont elles se plaindront avoir été les victimes, elles déclareront que le marquis a voulu les sodomiser et qu'elles s'y sont refusées. À cette époque, la sodomie, active ou passive, était passible de la peine de mort. Le même jour, les quatre filles ayant refusé de prendre part à une promenade en mer avec le marquis, Latour s'en va quérir une nouvelle proie. Comme celles qui l'ont précédée, elle absorbe en quantité des bonbons d'anis à la cantharide, substance utilisée comme aphrodisiaque et largement utilisée depuis que Richelieu en avait lancé la mode. Il s'agissait plus exactement de la cantharide officinale ou « mouche espagnole », sorte de coléoptère toxique ayant la particularité de faire grossir les parties génitales. Le marquis repart pour la Coste le 29 juin. Le lendemain, les filles, se croyant empoisonnées par les bonbons du marquis, déposent plainte devant le lieutenant criminel. Un mandat d’arrêt est lancé contre Sade, pour tentative d'empoisonnement et de sodomie. Le 11 juillet, la police perquisitionne au château de La Coste. Mme de Sade est seule, sa soeur, la chanoinesse ayant suivi dans sa fuite le marquis dont elle est la maîtresse, probablement depuis l'année précédente. Le 3 septembre, la sentence tombe: le marquis et son valet sont condamnés, après avoir fait amende honorable devant la cathédrale, l'un à avoir la tête tranchée, l'autre à être pendu et étranglé, leurs corps devant être brûlés et les cendres jetées au vent. Le 12 septembre, les effigies de Sade et Latour sont exécutés et brûlés sur la place des Prêcheurs à Aix en Provence.

Après avoir parcouru l'Italie en compagnie de son beau-frère qui la fait passer pour sa femme, Mlle de Launay revient le 2 octobre à La Coste auprès de Mme de Sade. Mais elle repart à nouveau deux semaines plus tard rejoindre le marquis à Chambéry, où celui-ci arrive le 27 octobre.

Le 5 décembre, sur les instances du duc d'Aiguillon, sollicité par Mme de Montreuil, Sade est arrêté et conduit au fort de Miolans.

 

1773 – Avec la complicité de sa femme, le marquis parvient à s'évader le 30 avril, en compagnie de son valet et d'un autre détenu, le baron de l'Allée de Songy. Il se cache aux environs de La Coste.

 

1774 – En juillet, Mme de Sade part pour Paris où elle essaie de faire casser le jugement rendu contre son mari.

 

1775 – Dès janvier Sade fait encore parler de lui. On l'accuse d'avoir enlevé plusieurs jeunes filles. En mai, Anne Sablonnière, dite Nanon, servante à La Coste, accouche d'une petite fille qui ne vivra que trois mois. À la suite d'une querelle avec la marquise, elle menace de révéler la paternité de Sade. Pour éviter le scandale, elle est enfermée dans une maison de force d'Arles.

 

1776 – Sade se cache en Italie de janvier à novembre.

À la fin de l'année, le père d'une cuisinière de La Coste, Catherine Treillet, appelée aussi Justine, vient faire scandale au château, voulant retirer sa fille. Furieux, il tire sur le marquis un coup de pistolet, mais sans le blesser.

 

1777 – Mort de la mère du marquis le 14 janvier.

Le 13 février, Sade, sous le coup d’une lettre de cachet obtenue par sa belle-mère, devenue son ennemie acharnée depuis qu’il a séduit Anne-Prospère de Launay, toujours recherché par la justice, est arrêté par l'inspecteur Marais dans la chambre de sa femme et conduit à Vincennes.

 

1778 – Mort de l'abbé de Sade le 3 janvier.

Le 27 mai, le roi accorde au marquis des lettres « d'ester a droit » qui lui permettent de se pourvoir contre l'arrêt du parlement de Provence.

En juin, le marquis est transféré à Aix par ordre du roi et remis aux gardes de la prison le 18 juin. Le parlement d'Aix casse le jugement du parlement de Marseille : le marquis est blanchi des accusations d’empoisonnement portées contre lui, mais en vertu de la lettre de cachet qui l'a envoyé à Vincennes, il doit réintégrer la prison. Il s’évade durant son transfert mais est repris quelques semaines plus tard à La Coste. Il restera à Vincennes de septembre 1778 à février 1784.

 

1781 – En mars, sa femme obtient du roi le transfert de son mari au fort de Montélimar. Le marquis refuse cette nouvelle geôle et ne veut pas non plus entendre parler du fort de Crest, qu'on lui propose.

Sade termine en juin une comédie : L'Inconstant.

Le 13 juillet, lors de la première entrevue avec son épouse, il lui fait une scène de jalousie à propos d'un autre homme. Ce sentiment ne fera qu'empirer : il déclare vouloir tuer sa femme si elle se présente dans sa prison. Découragée, elle s'installera au couvent de Sainte-Aure.

 

1782 – Sade termine en juillet le cahier qui contient La Pensée inédite et le Dialogue entre un prêtre et un moribond. Il commence la rédaction des Cent vingt journées de Sodome.

 

1783 – Sade rédige deux comédies Le Prédicateur et Le Mari crédule, ainsi qu’une tragédie : Jeanne Laisné.

 

1784 – Le 29 février, Sade est transféré à la Bastille. À partir de mars son épouse sera autorisée à venir le voir deux fois par mois.

 

1785 – Du 22 octobre au 28 novembre, Sade achève la mise au propre des Cent vingt journées de Sodome. Le manuscrit est un rouleau de papier de 12 mètres de long.

 

1786 – Le marquis souffre de la goutte. Il commence à rédiger Aline et Valcour.

 

1787 – Le 8 juillet, Sade termine Les Infortunes de la vertu écrit en seize jours.

 

1788 – Du 1er au 7 mars, il écrit le conte Eugénie de Franval.

Le 1er octobre, il rédige le Catalogue raisonné des œuvres de l’auteur.

 

1789 – Le 2 juillet, Sade, mécontent d’avoir été privé de promenade, crie par la fenêtre de sa prison qu'on est en train d'égorger les détenus de la Bastille et qu'il faut venir les délivrer. Le 4 juillet, à la suite de cette manifestation, il est transféré à l’hospice des religieux de Charenton. Il ne peut emporter aucun de ses livres et de ses manuscrits. Les Cent vingt journées de Sodome ne seront retrouvées qu'au début du XXe siècle.

Le 14 juillet, lors de la prise de la Bastille, ses papiers sont dispersés.

 

1790 – Le 2 avril, l'Assemblée nationale abolit les Lettres de cachet : Sade est libéré. Mais sa femme, toujours au couvent de Sainte-Aure, refuse de le recevoir. Le 9 juin, elle obtient du Châtelet de Paris la séparation de corps et de biens. Le marquis ayant dépensé toute sa dot, elle n'a plus grand chose à perdre. De son côté, le marquis participe activement de la révolution. Il s’occupe de la réforme des hôpitaux et se fera délivrer une carte de citoyen actif de la section de la place Vendôme.

En août, Sade est en relation avec l'acteur Boutet de Montvel. Il lit aux Comédiens-Français sa comédie, Le Mari crédule.

Le 3 août, le Théâtre-Italien reçoit Le Suborneur.

Le 25 août, le marquis commence une relation avec Marie-Constance Renel, dite Sensible, comédienne, épouse séparée de Balthasar Quesnet. La liaison durera jusqu'à sa mort.

Septembre : La Comedie-Française reçoit à l'unanimité Le Misanthrope par amour ou Sophie et Desfrancs.

 

1791 – Publication de Justine ou les malheurs de la vertu.

Après la fuite de Varennes, Sade compose l'Adresse d'un citoyen de Paris au roi des Français.

En Juillet, dans ses lettres aux « brigands », il dénonce les révolutionnaires de Mazan. L'un de ses fils émigre.

Le 22 octobre : représentation au théâtre Molière, rue Saint-Martin, d'un drame en trois actes composé à la Bastille : Le Comte Oxtien ou les malheurs du libertinage. À la fin de la représentation le public réclame l'auteur sur scène.

Lecture le 24 novembre aux Comédiens-Français de Jeanne Laisné ou le siège de Beauvais.

 

1792 – Le 5 mars, Le Suborneur représenté au Théâtre-Italien tombe, victime des Jacobins.

En Avril, Sade vitupère contre les révolutionnaires de La Coste qui veulent détruire les créneaux de son château.

Le 17 octobre, malgré son dégoût pour les « massacres » de Septembre, Sade accepte d'être nommé commissaire pour l'organisation de la cavalerie à la section des Piques de la place Vendôme.

 

1793 – Sade est nommé juré d'accusation le 13 avril.

Président de la section des Picques, il profite de cette position pour sauver les Montreuil de la Révolution.

Le 2 août, il refuse de mettre au vote « une horreur, une inhumanité ».

Le 29 septembre, il compose le Discours aux mânes de Marat et de Le Pelletier.

En novembre : Pétition de la section des Piques aux représentants du peuple français.

Le 5 décembre, accusé de modérantisme, le marquis est sous mandat d'arrêt. Il est conduit aux Madelonnette.

 

1794 – Il est transféré le 13 janvier à la maison des Carmes, rue de Vaugirard, puis le 22 à la prison de Saint-Lazare.

Malade, il est transféré le 27 mars à la maison de santé de Picpus. Condamné à mort en juillet, il échappe à la guillotine grâce à une erreur administrative.

Il est libéré le 15 octobre.

 

1795 – Publication de La Philosophie dans le boudoir et des huit volumes d'Aline et Valcour, ou le roman philosophique. Écrit à la Bastille un an avant la Révolution de France. La presse l'accuse d'être l'auteur de « l'infâme roman » Justine.

 

1796 – Vente du château de La Coste en octobre.

 

1797 – Publication de la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, suivie de l'histoire de Juliette, sa soeur. Sade se débat contre la misère.

 

1799 – Sade habite Versailles et a de gros problèmes d'argent malgré la vente de son château de La Coste. Il gagne 40 sous par jour comme employé spectacle de Versailles.

En décembre, reprise d’Oxtiern où il tient un rôle.

 

1800 – Ses biens sont toujours séquestrés. Il meurt presque de faim. Publication des Crimes de l'amour.

 

1801 – Le 6 mars, les ouvrages de Sade sont saisis chez son imprimeur : on lui reproche son « délire du vice ». Il est arrêté chez son éditeur, Massé, par la Consulat comme auteur libertin.

Le 3 avril, il est « déposé » à Sainte-Pélagie, pour « le punir administrativement ».

Il sera ensuite transféré à la maison de santé de Charenton, un asile de fou, où viendra le rejoindre Marie-Constance. Bien que totalement lucide et malgré ses protestations, il va y rester jusqu'à sa mort.

 

1806 – Il commence le 5 mars la mise au net de l’Histoire d’Émilie dont il achève le premier volume en juillet : Mémoires d’Émilie de Valrose ou les Égarements du libertinage.

 

1807 : Sade n'a pas quitté la prison depuis six ans.

Il achève en avril son Histoire d’Émilie qui forme les quatre derniers tomes d’un vaste ouvrage : Les Journées de Florbelle ou la Nature dévoilée. Le manuscrit est détruit.

 

1808 – Sade organise des séances théâtrales à la maison de santé.

 

1810 – Mort 7 juillet de la marquise de Sade.

 

1812 – Sade écrit Adélaïde de Brunswick, princesse de Saxe.

 

1813 – Il rédige l'Histoire secrète d'Isabelle de Bavière. Publication de La Marquise de Gange. Il vit une dernière histoire d'amour avec une jeune fille de seize ans.

 

1814 – Sade, malade, demande en vain à être libéré. Il meurt le 2 décembre à Charenton après avoir passé plus de 30 ans de sa vie en prison. Son testament stipule que « sa fosse une fois recouverte » doit être semée de glands, afin qu'un taillis y pousse et que les traces de sa « tombe disparaissent de dessus de la surface de la terre. » 

 

Joseph Vebret

Illustration : Portrait imaginaire du Marquis de Sade par H. Biberstein.


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