Les guerriers au repos, maraboutés par Svetlana
Ce texte aborde le thème sacré de l’amitié et celui de l’entrée dans l’âge adulte, ce moment où l’on réalise que nos actes produisent des effets qu’il faut bien que l’on assume.
Ron, Manès, Nicholas et Allan forment une bande de jeunes copains étroitement liés alors que leurs premiers choix professionnels diffèrent et révèlent d’eux une vision de l’existence parfois aux antipodes les unes des autres. Mais jamais quelque chose n’a jusque-là grippé le ronron réconfortant de leur belle amitié. Nicholas sort avec la belle et mystérieuse roumaine, Svetlana, qui trouble beaucoup ses amis, par sa féminité, son corps, son insolence, ses bizarreries. Malgré ce qui les lie, chacun joue perso vis à vis d’elle en dehors de la présence des autres comparses et tous justifient leur comportement par des bonnes-mauvaises raisons censées protéger leur ami Nicholas. Svetlana devient leur obsession. Aucun d’entre eux ne subodore qu’elle les amènera à couper le cordon ombilical qui les retient à leurs vingt ans pourtant bien révolus.
Sylvain Kornowski, dans une langue agréable sans fioriture, embarque ses personnages dans les mensonges et la trahison, il découpe tranquillement au scalpel les illusions des garçons et donne à Svetlana toute la puissance et la force de son sexe. Car si l’on peut regretter que ce soit encore une fois la femme qui fiche le bazar dans la petite communauté, celle qui croque la pomme (telle une sirène, elle les attire tous au péché… le ver est dans le fruit… cherchez la femme …sempiternelles raisons qui justifieraient la chute de l’homme) , il est bien plus intéressant de porter sur la présence de Svetlana un regard libérateur. Malgré le mystère qui entoure cette femme, c’est elle qui ose être ce qu’elle est, elle qui accueille l’autre comme il est sans le soumettre à la question, elle qui affranchit. Elle n’use pas de son corps par machiavélisme, ni pour le plaisir du pouvoir, donc pas par perversité , non, elle n'use pas ainsi de son corps parce qu'elle EST ce corps, ce n’est pas un instrument et elle entend ne pas l’aliéner, même si Sylvain Kornowski dit pourtant dans une interview [..elle transforme son corps en outil politique pour obtenir ce qu’elle veut ... ]. Si le sexe de la femme, son corps, peuvent être une réponse politique, ce ne sont pas pour autant des instruments mais seulement une force. Nuance !
Svetlana n’accepte pas de devoir expliquer, révéler, servir d’arbitre et endosser la responsabilité des problèmes de la bande des quatre qui va partir en vacances en Roumanie malgré le délitement de leur lien après des révélations catastrophiques. Car le vernis craque, et les amis se déchiquettent Le texte est aussi intéressant car il donne à chaque copain des pouvoirs qui n’en sont pas vraiment et… tel est pris qui croyait prendre. Cependant, j’ai regretté la facilité de la fin du récit.
Anne Bert
Les guerriers au repos, Sylvain Kornowski, éditions Edicool, livre numérique tous formats. 3,99euros.
Editions Edicool
1 commentaire
J'ai beaucoup aimé, notamment le personnage de Nicholas, qui domine par sa classe discrète ses amis qui se sont pourtant mieux orientés professionnellement que lui, il les laisse patauger dans leur petitesse, il ne dit rien, prend de la distance, ... L'auteur a très bien su mener son histoire et construire le piège, de surcroît c'est très bien écrit. Mais il y a quelques fautes d'orthographe, de construction et de frappe regrettables, problème récurrent dans les livres numériques, c'est un peu pénible et dommage.