Sade, Charenton et le théâtre

Qu'on ne s'y trompe pas Juliette est là mais Sade reste le maître et  aussi le fantôme non seulement de Charenton mais de nos lieux-dits. Et c'est ainsi que le foutre-dieu va bouillonnant  en cette suite de vignette sous la bannière de le Révolution au moment où les  églises sont  transformées en théâtre et où à Charenton Sade à sa manière agite le sacre de sa verge devant des tétons érigés  et sous le regard ébahi de gardiens qui respectent celui qui plus qu'un autre a permis de rentrer dans le vif du sujet du sexe et donc de la politique.
Dans la nouvelle suite de son héros Monsieur, l’époque que décrit Tessier  flambe, avec du vulgaire, du précieux dans l’air. De la flatulence et de la grâce (Jehan van Langhenhoven). Ces Années Clandestines sont différentes de celles écrites dans les livres. Elles sont saturniennes, orgiaques et un un rien mélancoliques. Il y a de réinvention de l’humain et de sa chair. DAF de Sade règne là en maître des jeux et de la mise à mal de tous les pouvoirs.  Existent là bien des alliances intempestives, des jeux de mains, qui rappelle le Marat-Sade de si bonne mémoire. Tessier s'y fait quasi épique dans ces années qui vont se refermer comme Monsieur le sera  à Charenton. Le livre s’achève sur son ombre. Juliette a déjà disparu..

Jean-Paul Gavard-Perret

Eric Tessier, Les années clandestines, Éditions Douro, mars 2023, 132 p.-, 19€

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