Histoires de familles et d'images : Paul Vecchiali

Paul Vecchiali est spécialiste ici des chausses trappes. Celles des histoires de familles, celles des images. Par souci de perdre son lecteur il se permet – en introït – une mise au point. Elle semble a priori superfétatoire mais permet de faire basculer l'histoire - ou les histoires.
Et si rien ne semble relier ces deux textes publiés à titre posthume, tout fait un dans ce qui peut se lire comme une fiction psychologique. La divine mystification raconte  année après année, les aventures d'une famille du Sud de la France, sur plus d'un siècle. Les Bach annales Préludes et fugues complètent ce tableau temporel par ce que Vecchiali appelle des instantanés. Ils deviennent des surgissements visuels, des images d'enfance, bref, une série de tentatives pour coller au plus près de la mémoire.
Souvent dans ces deux corpus les femmes gouvernent. Une surtout même si  dans le premier corpus le héros est un adolescent bringuebalé d'une guerre à l'autre, d'un monde à l'autre. Mais au réel se superpose un virtuel d'avant même le numérique. Le cinéma s'y taille la part belle (forcément chez celui qui fut avant tout réalisateur).
Le lecteur erre et bascule entre des mondes et des femmes guidées (enfin presque) par un héros  puis par Vecchiali lui-même. Le premier fait penser parfois à celui de l'Amérique de Kafka étant données ses divers naïvetés et états.

Jean-Paul Gavard-Perret

Paul Vecchiali, La divine mystification, roman suivi de Préludes et Fugues, Douro, mai 2023, 194 p.-, 20€

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