Christophe Mory, "Marquise, ou la vie sensuelle d’une comédienne" : Itinéraire d’une séductrice

Briller. Scintiller telle une étoile dans le firmament. Resplendir saurait-il être un destin ? C’est en tout cas celui que Marie-Thérèse Gorla, née en 1635, dite Marquise du Parc, ou plus simplement Marquise, s’est assignée dès le plus jeune âge, vouant son existence au seul art qu’elle pratique en virtuose : la séduction.

 

Elle est belle. Renversante est le terme approprié. Actrice ? Pourquoi pas. La troupe des Béjart où officie un certain Jean-Baptiste Poquelin qui deviendra bientôt Molière, lui offre cette opportunité. Elle la rejoint sur un coup de tête. Alors, sa vie s’accélère. Comédiens – elle épousera l’un d’eux qu’elle n’hésitera pas à cocufier sans vergogne - auteurs prestigieux - Molière, Corneille, Racine – mécènes, ecclésiastiques… autour d’elle, les hommes gravitent. Habile, elle les fait tournoyer dans la grande roue des passions. Jusqu’au roi qui succombe à ses charmes.

 

Après la province, Paris et la Cour l’acclament. Le théâtre ne sert-il pas magnifiquement son projet ? Las, il n’est qu’un outil au service de sa gloriole. Marquise est une traîtresse. Elle trompe son art, son mari, ses enfants, ses amis. Elle-même. Certes, elle règne mais en courtisane, sans prendre conscience qu’elle a mieux à vendre que sa chute de reins.

 

Érudit, enjoué et subtil, ce portrait biographique se lit comme un roman, parfaitement découpé, et dont les dialogues, notamment, témoignent d’une alacrité réjouissante. Il est davantage. A travers cet itinéraire, Christophe Mory interroge la condition féminine de tout temps. Il rappelle sur quelles failles secrètes, intimes, se fondent les ambitions personnelles et saisit avec une infinie justesse les enjeux et les impasses de la séduction.

 

Cécilia Dutter

 

Christophe Mory, Marquise ou la vie sensuelle d’une comédienne, Éditions du Moment, "moment d’histoire", juin 2012, 316 pages, 19,95 euros

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